Chronique : Tiamat Judas Christ (2002)

CHRONIQUE PAR ...

Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 09 décembre 2023

Sa note : 17/20

LINE UP

-Johan Edlund
(chant+guitare+claviers)

-Lars Anders Iwers
(chœurs+guitare+basse)

-Lars Sköld
(chœurs+batterie)

-Thomas Petersson
(guitare)

Ont participé à l'enregistrement :

-Alf Peter Tägtgren
(chant sur 9)

-Trille Palsgaard
(chœurs)

-Lars Henrik Nissen
(chœurs+claviers)

-David Mortimer-Hawkins
(narration sur 9)

-Maska
(violon+sitar+oud)

-Out of Phase
(claviers+didgeridoo+programmation)

TRACKLIST

1) The Return of the Son of Nothing
2) So Much for Suicide
3) Vote for Love
4) The Truth's for Sale
5) Fireflower
6) Summer by Night
7) Love Is as Good as Soma
8) Angel Holograms
9) Spine
10) I Am in Love With Myself
11) Heaven of High
12) Too Far Gone

DISCOGRAPHIE

The Astral Sleep (1991)
Clouds (1992)
Wildhoney (1994)
Judas Christ (2002)
Amanethes (2008)
The Scarred People (2012)

Tiamat - Judas Christ

(2002) - pop gothique - Label : Century Media

L’amour, le sexe, la mort, la religion, la drogue. Le grand pentagone gothique. L'étoile à cinq branches qui orne la batcave. Comme le dit ironiquement le grand Peter Steele, si un groupe traite de ces thèmes dans ses paroles, il est automatiquement mis dans la case gothique. Ce que Peter oublie, à dessein, c’est que quand on s’inspire des Sisters of Mercy et de Fields of Nephilim à outrance, le terme gothique s’applique aussi. Ce que Tiamat lui, n’a pas oublié.

La bande d’Edlund vira très vite dans sa carrière du death metal des premiers albums. Comme leurs collègues lusitaniens de Moonspell, les Suédois aiment expérimenter. Ils flirtent avec le metal, mais s'acoquinent franchement avec des amantes beaucoup moins saturées : rock prog sur Wildhoney, rock psychédélique sur A Deeper Kind of Slumber, rock gothique sur Skeleton Skeletron. Donc aucune surprise à ce que Judas Christ soit dans la continuité du dernier, tout en se rapprochant de la pop. Vous avez bien lu, j’ai bien écrit pop. "Vote for Love" ou "Angel Holograms" sont de petits bijoux (surtout le dernier) de pop sombre, guitare saturée en plus. Refrains entraînants, mélodies simples et mémorables, de vrais tubes taillés pour les radios, si elles acceptent de passer une chanson commençant par « We are soaked in acid » (connaissant Edlund, l’acide en question est plus lysergique que chlorhydrique). Nous ne sommes pas en lalaland, même si le clip de "Vote for Love" est orné de petits cœurs. Les thématiques et l'atmosphère générales restent sombres : amour et drogue, religion.
Quand elles ne sont pas pop, les chansons sont du rock gothique inspiré des Sisters of Mercy, lent et sombre, avec quelques guitares saturées, le groupe n’oubliant pas complètement ses racines death/doom. Le talent de compositeur d’Edlund ne peut être nié, les titres sont peut être simples mais mémorables, les lignes de chant (la voix chaude et grave du maître de cérémonie brille sur ces chansons) restent en tête, et l’on se prend vite à fredonner "So Much for Suicide" et surtout la magnifique "Love Is As Good As Soma". La rythmique groove presque ("Spine"), mais un groove de dancefloor. Et la fin de l’album s’envole vers des cieux jamais atteints pour un groupe de metal gothique, un triplet rock qui aurait pu venir de l’Angleterre des années soixante. "I am in Love With Myself", "Heaven of High" et "Too Far Gone" sont les premiers (et seuls) titres de metal brit pop, dépassant Type O Negative à la course au tube metal gothique. L’album n’est pas parfait, même s'il échappe de peu à l'excellence. L’instrumental oriental "Summer by Night" est sympathique mais n’apporte que peu d'intérêt. Judas Christ est très atmosphérique et aéré, avec un interlude sans nécessité. "Fireflower" est moins marquante que les autres compositions.

Mais ces quelques légers défauts ne tuent pas l'intérêt du disque. Tiamat nous a habitués à ne pas stagner ni se reposer sur ses lauriers, et Judas Christ le prouve une fois de plus. Innovant et poursuivant un chemin logique, le disque est une autre pierre marquante dans la discographie presque sans tache depuis Wildhoney.