Les Helvètes (référence évidente, facile et suffisante au Helvete norvégien et au magasin du même nom de feu-Euronymous à la grande période de l’explosion de la seconde vague du metal noir) de Darkspace nous reviennent pour un cinquième album curieusement affublé du patronyme de -II qui semble vouloir tout à la fois nous induire dans l’erreur et nous enduire de confusion. À ne donc pas confondre avec la deuxième livraison des Bernois, elle aussi prénommée II, le tiret en moins (tiret représentant concomitamment le signe moins, nonobstant. Une certaine idée de l’infinité ?). Perte des sens. Bref. Quoiqu’il en soit, sorti de cette originalité, sachez qu’il s’agit donc bien de leur cinquième incarnation musicale. Et dont le titre renvoie en fait à leur démo qui s’appelait elle -I. Elle comportait notamment une chanson "Dark -1.-1" face à laquelle résonne sans doute possible la "Dark -2.-2" ici présente. Sauf que les deux compositions de l’époque se sont transmutées en une seule. Pour tenir un album en entier. « Gasp » vous écriez-vous à juste titre face à cette réalisation impromptue. Car oui, voilà quarante-sept minutes de black metal spatial à ingérer sur une seule chanson. Méditez bien là-dessus, vérifiez votre tension artérielle et évaluez correctement votre état de forme, toute erreur se révèlerait fatale. Car les quatre dizaines de minutes mises à entière disposition de vos oreilles ne passeront pas comme une lettre à la poste. Je ne sais si ce n’est leur brillante prestation au Musikpreise 2019 des Kantons Bern (victoire) qui leur a donné des idées, reste que la nouveauté qui nous préoccupe présentement a notoirement changé de direction par rapport à leurs trois premiers méfaits, et entérine l'évolution ébauchée par III I (et non IV comme la convenance l’attendait). Fini les blasts synthétiques continus. Fini la batterie sous quelque forme que ce soit même serais-je tenté d’écrire. Car si "Dark -2.-2" propose bien des beats, ce ne sont que cela justement, des beats. De la musique electro-indus sans variation dont la part black metal est drastiquement tirée vers le bas tant même les guitares, le groupe est crédité de deux guitaristes et un bassiste mine de rien, sont discrètes. Auparavant pourvoyeuses d’un mur sonique, elles se restreignent désormais à l’accord de passage, laissant la part très belle aux claviers technoïdo-spatio et cette boîte à rythmes sus-évoquée. En fait, l’entièreté du titre semble très lointainement relié à l’univers du metal. Via les fugaces apparitions des accords de guitare mais également par les chants masculins raclés dans la tradition black. Sauf que le chant dominant sera un chant féminin plus déclamé que réellement chanté. Autant dire que -II mettra à rude épreuve votre amour inconditionnel du black metal, et du metal tout court. Et peut-être même de Darkspace. Car si le groupe a toujours été une entité particulière à la musique clairement unique, il délaisse manifestement toute attache au genre qui l’a vu naître. Ses adorateurs devront faire avec, et probablement en sont-ils fort contentés, habitués sont-ils à se gorger d’ambient noir. Un noir ambient fort peu varié dont la durée aurait tout autant pu être quelques minutes ou plusieurs jours.
Pour conclure. Comment ça pour conclure ? Déjà ? Qu’une intro et pas de corps de texte ? Oui, qu’une seule introduction pour répondre à la volonté du groupe de ne jamais entrer dans sa musique. Ils ont proposé une intro de quarante-sept minutes, je propose une chronique sans développement. Et vous comprendrez donc bien mon évaluation de la chose.