Chronique : Counting Hours The Wishing Tomb (2024)

CHRONIQUE PAR ...

Wineyard
Cette chronique a été mise en ligne le 05 mars 2024

Sa note : 16/20

LINE UP

-Ilpo Paasela
(chant)

-Tomi Ullgrén
(guitare)

-Jarno Salomaa
(guitare)

-Markus Forsström
(basse)

-Sameli Köykkä
(batterie)

Ont participé à l'enregistrement :

-Jussi Hämäläinen
(chœurs+claviers)

-Pekka Loponen
(chœurs)

-Riikka Hatakka
(chœurs)

TRACKLIST

1) Unsung, Forlorn
2) Timeless Ones
3) Away I Flow
4) All That Blooms (Needs to Die)
5) Starlit / Lifeless
6) The Wishing Tomb
7) No Closure
8) A Mercy Fall
9) This Well of Failures

DISCOGRAPHIE

The Will (2020)
The Wishing Tomb (2024)

Counting Hours - The Wishing Tomb

(2024) - gothique Doom, Death, Katatoniesque - Label : Ardua Music

Cher public, je te propose aujourd’hui un bond dans le passé. En Suède précisément, en l’an de grâce 2002 après Michael Jordan. Katatonia vient juste d’accoucher de Last Fair Deal Gone Down et n’a pas encore totalement dessiné les contours de Viva Emptiness. Dis voir, tu permets que je te tutoie ? Depuis le temps que je te confie les aventures musicales russophones de mes parties génitales, on est devenu, intimes, n’est-ce pas ? Je disais te donc, qu’en cette belle année 2002, j’ai vingt-huit ans et toutes mes dents et j’ai le regard austère sur les évolutions de l’un de mes groupes préférés. Mais, mine de rien, il est quand même bien bon ce Last Fair Deal Gone Down, avec le recul. Oui, pas assez couillu pour mes goûts de l’époque car le growl disparait progressivement, mais le sens de la mélodie et du riff sont toujours là. Renske est plutôt intéressant en voix claire et Viva Emptiness, lui aussi, fut délectable, avec le recul également. Et bien figure-toi que j’ai retrouvé des sessions cachées de cette époque. Je te raconte.

C’est vrai que Renske est excellent en voix claire. Sa voix est plutôt douce, très juste, avec une telle pointe de mélancolie dans le timbre, à faire plier les plus rigides. "De Timeless Ones" à "This Well of Failures", pas une note à côté, toujours le même phrasé tranquille, velouté, un vrai haut medium chaud comme je peux les aimer dans certains contextes. Et il est toujours aussi à propos quand il place son growl, qui s’approfondit avec l’âge. Tout est devenu quasi-perfection techniquement côté vocal. On peut ne pas aimer le timbre, le côté plaintif, mais l’émotion transmise et la technique, c’est difficile à critiquer sans une dose de mauvaise foi. Il faut tout de même noter que le milieu de ces titres cachés est un peu moins bien que le reste. L’enchaînement "All That Blooms (Needs to Die)", "Starlit / Lifelesset", "The Wishing Tomb" n’est pas des plus marquants pour un groupe de cette trempe, eu égard au début ou à la fin de cette session.
"Timeless Ones", "Away I Flow", "No Closure" ou la superbe "A Mercy Fall" sont un peu au-dessus du reste. Les riffs, les mélodies, le placement du growl sont des modèles du savoir-faire du combo suédois. D’ailleurs les critiques ne s’y trompent pas et notent une évolution plus calme et un peu plus maitrisée de la musique du groupe. Et même si le sommet que fut "Saviour" n’est pas atteint ici, la qualité générale est plutôt en hausse depuis The Will. C’est à croire que… "The Will" ? "Saviour" ? Attends, j’ai les fils qui se touchent un peu là… J’ai fait une confusion mentale et probablement alcoolique. Pas de Katatonia, pas de Suède, mais Counting Hours et la Finlande. Ils m’ont encore bluffé, ces petits. Mon affect pour cette période de Katatonia m’a complétement décalé dans le temps et l’espace. Counting Hours maîtrise le voyage temporel, j’y ai cru avant de m’éveiller, j’ai été ensorcelé, encore une fois. Deux fois de suite, ce n’est pas un hasard, ils sont très forts.

Je ne sais pas si c’est voulu de leur part. Mais c’est réussi. Ce n’est pas du plagiat, c’est nettement mieux que cela, c’est de la magie de téléportation. On peut légitimement chercher la personnalité du groupe et se demander tout un tas de chose autour de leur relation à Katatonia. Mais au final, quelle importance ? J’entends un vrai bon album, qui ne parodie rien, qui invente des choses dans un champ lexical déjà arpenté, ce qui est une performance. De telles mélodies relèvent clairement plus de l’inspiration que de la copie. Katatonia aurait pu les créer, mais ils ne l’ont pas fait, bien qu’elles eussent pu figurer au firmament des créations du groupe. C’est là que l’on distingue les simples copistes des vrais disciples.