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CHRONIQUE PAR ...

97
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2024
Sa note : 15/20

LINE UP

-Charles Henry "Chuck" Mosley III
(chant)

-James Blanco "Jimmy Martin"
(chœurs+guitare)

-Roswell Christopher "Roddy" Bottum
(chœurs+claviers)

-William David "Billy" Gould
(chœurs+basse)

-Michael Andrew "Mike" Bordin
(batterie)

TRACKLIST

1) Faster Disco
2) Anne's Song
3) Introduce Yourself
4) Chinese Arithmetic
5) Death March
6) We Care a Lot
7) R'n'R
8) The Crab Song
9) Blood
10) Spirit

DISCOGRAPHIE


Faith No More - Introduce Yourself
(1987) - fusion - Label : Slash Records



20 juin 1995, le Zénith (Paris).
- Hé ! C’est quoi le titre qu’ils viennent de jouer ? C’est un vieux titre ?
- Avant The Real Thing, le groupe avait déjà sorti un hit, intitulé "We Care a Lot".
- Oui, ça je sais. Cool, comme chanson d’ailleurs. Mais là, c’est un titre court et rigolo. Il s’appelle comment ?
- Avant The Real Thing, le groupe avait déjà sorti un hit, intitulé "We Care a Lot".
- Tu fais exprès ou quoi ? Je te parle de leurs vieux albums !
- Avant The Real Thing, le groupe avait déjà sorti un hit…
- Intitulé "We Care a Lot" ?
- Oui.
- Ok, merci pour l’info... (soupirs)


Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’une fois arrivé à un niveau de célébrité mondial au début des nineties, Faith No More ne se montrait pas très disert sur « l’avant ». Que ce soit en interview ou sur scène. L’excellent Live At the Brixton Academy, sorti après The Real Thing, n’inclue qu’un hit antérieur à l'arrivée de Mike Patton… intitulé "We Care a Lot". « Alésia? Connais pas Alésia ! » Tels les Gaulois d’Astérix chez les Arvernes, les membres du glorieux quintette de metal fusion, semblaient considérer alors We Care a Lot (l'album, pas le titre) et Introduce Yourself comme les moutons noirs de la famille. Malgré des passages intéressants (et le fameux hit déjà mentionné une dizaine de fois depuis le début de la chronique), il est difficile de considérer le tout premier travail longue durée de Faith No More comme un bon album. En revanche, je ne comprends pas l’ostracisme ayant frappé Introduce Yourself car il s’agit tout simplement d’une version préliminaire de The Real Thing, qui, lui, a été (fort logiquement) encensé à sa sortie et dans les décennies suivantes. Alors, oui, le défunt Chuck Mosley possédait un registre infiniment plus limité que celui du mutant Patton, chaque tentative de moduler un minimum son chant échouant même lamentablement, il n’y a qu’à écouter le refrain d’ "Anne’s Song" ou le début de "The Crab Song" pour s’en convaincre. Oui, les compos du deuxième album du groupe s’avèrent parfois pataudes et peu fluides dans leurs enchainements.
Mais le metal groovy atypique des Californiens, un peu feel good mais pas trop, se met doucement en place. Beaucoup plus développé que sur We Care a Lot, épatante de fougue et de spontanéité adolescente - même si les musicos ont largement dépassé la vingtaine en 1987- la musique mise en place fait déjà son petit effet. La basse ronflante de Billy et les nappes de claviers pas toujours gaies de Roddy détonnent dans le paysage musical du moment et les tentatives pour ranger Faith No More dans le funk metal sont un aveu d’impuissance devant toute tentative de classification du combo – nan mais sérieusement, vous entendez un rapport entre FNM et James Brown, vous ? Démarré par un "Faster Disco" offrant le typique mélange rythmique heavy / claviers appuyés, Introduce Yourself propose des moments véritablement brillants. Le court titre éponyme séduit par son côté intense et fun. Le parfait "Chinese Arithmetic" et l'imparfait "The Crab Song" préfigurent les epic-ballads "Zombie Eaters" et "The Real Thing" et, si certains titres sont largement dispensables – "Anne’s Song et son feeling" à la Red Hot Chilli Peppers est au mieux amusante, "Death March" ne restera pas non plus dans les annales - et/ou amochés par les imprécisions vocales de Chuck, l’ensemble s’avère globalement très catchy et dynamique. Avoir intégré une seconde version de "We Care a Lot" dans un environnement musical plus décent que le premier album semble également un choix judicieux, même si, personnellement, je préférais la première version, plus lourde et faisant mieux ressortir les claviers. Bref, Introduce Yourself n’a absolument rien d’une erreur de jeunesse.


Le deuxième album de Faith No More possède son lot d’imperfections et, même si je ne suis pas le plus grand fan de Mike Patton au monde, le changement de vocaliste s'est avéré bénéfique au groupe. Introduce Yourself et son lot de moments brillants préfigurent néanmoins ce que sera The Real Thing. La machine vient de se mettre en marche et le groupe connaîtra son apogée peu de temps après, mais rendons un hommage mérité à cette belle introduction.

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