Chronique : Trelldom ...by the Shadows... (2024)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 17 août 2024

Sa note : 14/20

LINE UP

-Kristian "Ghaal" Eivind Espedal
(chant)

-Stian "Sir" Kårstad
(guitare+basse)

-Kenneth Kapstad
(batterie)

A participé à l'enregistrement :

-Kjetil Traavik Møster
(clarinette+saxophone+programmation)

TRACKLIST

1) The Voice of What Whispers
2) Exit Existence
3) Return the Distance
4) Between the World
5) I Drink Out of my Head
6) Hiding Invisible
7) …by the Shadows…

DISCOGRAPHIE

...by the Shadows... (2024)

Trelldom - ...by the Shadows...

(2024) - black metal expérimental - Label : Prophecy Productions

L’histoire est toujours révélatrice. À étudier son passé on comprend des choses du présent, et peut-être même anticiper le futur. La plongée dans le passé de Trelldom n’échappe pas à la règle. Car si nous savons bien évidemment que Ghaal en est sa tête pensante, elle nous apprend que le groupe a donné naissance à trois albums entre 1995 et 2007. Et qu’il fut la porte d’entrée du monsieur dans la musique et dans Gorgoroth.

Tout cela, votre chroniqueur en était totalement ignare jusqu’à ce promo. Étonnant comme le passé peut conserver des surprises même sur des personnalités connues de la scène. Et Ghaal a su devenir un personnage du paysage black metal par ses groupes mais aussi ses multiples activités connexes. Le voilà revenu à ses premières amours en quelque sorte, et une rapide écoute des précédents méfaits de Trelldom explique sans détour pourquoi il a atterri chez Gorgoroth en 1998 : trve black metal norvégien. Voila ce que fut la trilogie des Til… . Alors on se dit avec confiance que Ghaal qui réactive son premier groupe, c’est la fibre nostalgique qui va tout défoncer et nous voilà parti pour un grand huit noir Simone ! Quelle erreur. Ah ah !
Avez-vous lu le discours promo au moins ? Car il est mentionné des expérimentations, un batteur au passif jazz. Bref, Ghaal n’a pas remis sur le devant de la scène sa première création pour re-faire. Il veut simplement faire, peut-être même dé-faire par la même occasion. Car les chemins arpentés sont tarabiscotés. Le batteur, bien que déjà vu dans des groupes de metal extrême est connu pour ses accointances jazz et même pop/rock. Son jeu est fatalement différent. Et ce sont bien les influences jazz qui transpirent de tous les pores de ses frappes au toucher délicat. Jazz quälitat. Tout autant, le sieur sait s’abandonner au blast de passage comme pour prouver que nous restons en terres extrêmes.
Pour tout vous dire, le black metal, car cela reste du black metal comme base, offert en pâture à nos oreilles surprend oui, mais rappelle. Et au-delà du rappel, il ne s’égare pas en délires imbitables. Foin de parties instrumentales tarabiscotées interminables, le fil rouge globalement se suit aisément car les contre-points, contre-temps ne sont pas foison. Seulement les sonorités questionnent, et c’est par ce biais que …by the Shadows… intrigue. Nos oreilles noircies ne sont pas habituées et pourtant… J’ai évoqué le rappel, voici venu le temps de révéler le pot-aux-roses : Hail Spirit Noir.
Avant que le groupe n’abandonne son black prog des années soixante-dix. Les sonorités des guitares, de la batterie surtout, le type de jeu et l’évolution des compositions rappellent fortement nos Grecs un peu décomposés. Bien sûr Trelldom est plus jazz et moderne dans son enveloppe sonore, pourtant le rapprochement saute aux oreilles. Signe de qualité ? Oui car Trelldom possède la folie douce de demeurer écoutable en permanence. Ce n’est pas de la musique concrète ou du mathcore. D’autant que les mélodies se cachent derrière les atermoiements instrumentaux. Oui la dissonance semble la grande gagnante de l’ensemble, mais demeurent les mélodies discrètes comme pour vous appâter ou récompenser de votre persévérance. En témoigne la captivante "…by the Shadows…", riff hypnotique incessamment répété réminiscence d’un Aluk Todolo.

Au final se dévoile une musique certes spéciale, mais qui n’oublie pas d’être accessible. Ghaal est allé là où on ne l’attendait pas pour un plaisir certain. Pas une pierre angulaire certes et parfois longuet dans ses tentatives, mais ceux qui ont apprécié les premiers travaux de Hail Spirit Noir, et pourquoi pas un Ordo Ad Chao de MayheM devraient ici poser leurs oreilles.