Changement de line-up pour cet EP de transition, avec l'arrivée d'un second guitariste, Marco Biazzi. Une nouvelle "ère" qui s'annonce? Certainement. En tous cas, une chose est sûre: le son est différent. Ceci sans doute dû à une production de meilleure qualité, Waldemar Sorychta étant aux manettes de l'EP (rappelons que Sorychta s'est fait un nom en tant que producteur spécialiste du metal gothique). Plus pêchus, plus rythmés, les titres sonnent plus fort, plus graves, et sont moins "accessibles" (c'est relatif, attention, ce n'est pas du Tool non plus!) par rapport au précédent album.
Au niveau du son, la basse de Coti Zelati est enfin discernable, c'est d'ailleurs elle qui donne le ton ici; surtout sur "Hyperfast" et "Stars", dont les dynamiques sont centrées sur cette fameuse basse que l'on entend parfois plus que les guitares elles-mêmes. Le côté sombre de Lacuna Coil ressort donc (enfin) très nettement et c'est tant mieux, tant ce groupe excelle (vraiment!) dans cette ambiance si particulière qui se ressentait sur le précédent album, mais qui n'était pas vraiment saillante. Le groupe ne se complaît donc pas dans un style à la "In A Reverie" mais ose aller de l'avant. D'où certains changements.
Premier constat: on sent Cristina Scabbia un peu en retrait par rapport à Andrea Ferro, qui, ici, enrobe de sa voix rauque les quatre morceaux chantés. Volonté d'accentuer ce côté sombre, plus «masculin» ? Peut-être. En tous cas, l'équilibre entre les deux voix est ici partiellement rompu, Ferro, s'étant acheté une voix sur In A Reverie, l'utilisant vraiment ici à pleins poumons. Second constat: l'ambiance est plus lourde, plus pesante, plus présente encore. Le diptyque "Trance Awake"/"Senzafine" (morceau que l'on retrouvera sur Unleashed Memories) est la parfaite expression de ce constat: le groupe ose explorer de nouvelles sensations sonores (utilisation de samplers électroniques -discrets au demeurant- et mixage au poil -le son est moins "brut" qu'auparavant).
Et la guitare supplémentaire, alors? Ce n'est pas encore le déluge de guitares annoncé par l'introduction d'un second guitariste. Mais cet EP fait mouche, au travers de ce que je pourrais appeler la guitare "seconde génération" (cf. In A Reverie): une guitare plus incisive, plus grave, plus "down". Les deux guitaristes ne jouent pas les duellistes à la Opeth, certes, ce que l'on regrette un peu... mais on a le droit à quelques très bons riffs, dynamiques, bien sentis.
On remarquera donc, en conclusion, l'accentuation de la face obscure du groupe et une ambiance maintenant affirmée, typique de Lacuna Coil, qui joue bien plus en leur faveur que tout autre chose. Les compos sont plus "matures" et la volonté d'accrocher l'auditeur est bel et bien là. Enfin, malgré le fait que Half Life soit un EP (donc assez dispensable par définition), il renferme tout de même deux très bons titres dont un ("Hyperfast") qui aurait mérité de figurer sur l'album suivant. Reste à l'attendre, cet album, où les choses prennent vraiment de l'ampleur.