Chronique : Shagor Lyksalver (2025)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 22 janvier 2025

Sa note : 16/20

LINE UP

-Peter "P." Rebel
(chant+guitare)

-J.
(guitare)

-J.
(basse)

-J.
(batterie)

TRACKLIST

1) Afschynsel
2) Per Nefer
3) Foltertogt
4) Hersielingh
5) Sluymerval

DISCOGRAPHIE

Lyksalver (2025)

Shagor - Lyksalver

(2025) - black metal Modern Metal - Label : Vendetta Records

Avec un personnel réduit au possible, J., J., J. et P., Shagor s’ouvre grand les portes de l’amour du chroniqueur en lui évitant une liste de noms impossibles truffés de caractères spéciaux introuvables. Là c’est concis, peu précis certes, et simple. Sachant que le groupe est hollandais, on prie chaque jour que Dieu fait notre Mère la Vierge Précieuse de nous avoir dispensé de corvée de line-up.

Certes, cela participe au confort de la vie mais renseigne fort peu sur la musique de Lyksalver dont voilà entre nos oreilles un album. Pays-Bas et black metal, cela vous évoque… rien ? Allez, faites un effort, si je dis foufou ? Bingo, Urfaust. Si je vous dis pas forcément black, mais toujours déglingo et fort récent… ouaip, Laster. Et c’est bien ce dernier qui permettra de se faire l’idée la plus précise de ce qu’est Shagor. On retrouve la production puissante et froide, les rythmiques savamment dansantes et inopinées tout comme des blasts qui ne sont pas timides. Mais vous y ajouterez un chant black bien raclé et étouffé par la saturation et le mix. Une émanation ressemblante dans laquelle le curseur black metal est poussé plus loin, parfois proche d'un bon black norvégien. On évite évidemment le brutal, sans se départir pour autant d’un côté extrême consciencieusement entretenu.
Le plus drôle dans l’affaire tient en deux points. Tout d’abord, Shagor et Laster ou Urfaust ne partagent aucun membre. Aucun. Dans un pays à la scène extrême délurée aussi restreinte, il n’aurait pas été déconnant de voir les groupes verser dans la consanguinité. Que nenni. Deuxième point, la qualité étale. Ou presque, qu’importe. Laster distille une basse bien plus en avant et virtuose, c’est probablement le point à mettre le plus à leur crédit. Néanmoins les compositions dans leur volonté de s’identifier sans le vouloir parviennent à rappeler le voisin par le style donc, mais aussi par la qualité. Cette version plus classiquement black metal (sans l'être non plus hein), et peut-être même metal tout court, pourrait plaire plus aisément aux troupes métalleuses désireuses de conserver un pied dans la normalité. Non que Laster fût une référence au firmament de la folie, il le demeure plus qu’ici.
Black metal mâtiné de metal tout court, dans une forme moderne et relativement extrême car malgré de multiples sautes dans le domaine du chant clair, Shagor s’agrippe à des tessons extrêmes comme les blasts, même mid tempo, ou des riffs froids comme une nuit claire. Aguichant de ses mélodies ingénues, Lyksalver se définit comme un bon album. Peut-il prétendre à plus ? La question est épineuse car s’il ne manifeste pas de défaut majeur, on peut légitimement se dire que la folie aurait dû être plus poussée. Ce n’est qu’un deuxième album, fada, ils ont encore la marge d’aller où tu veux qu’ils naviguent. Alors donnons-leur la joie du bénéfice et apprécions cette production à la mesure de ses qualités nombreuses. Dont la pochette n’est pas des moindres : simple et dense, propice à appâter.

Paré de cinq titres dédaignant la concision (huit minutes est la barrière basse), Lyksalver est un savoureux mélange de black metal et de metal soit gentiment foutraque soit prog dans le bon sens du terme. Recommandable pour sûr. Voire plus. En fait plus :)