Chronique : Ültra Raptör Fossilized (2025)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 08 août 2025

Sa note : 14/20

LINE UP

-Philippe "Phil T. Lung" Lavoie
(chant)

-Samuel "Criss Raptör" Paré
(guitare)

-Romano "Zoltan Saurus" Kis-Rabata
(guitare)

-Alexandr "Dick Van Heuß" Chouinard
(basse)

-Antoine "Tony Bronco" Pellerin
(batterie)

TRACKLIST

1) Fossilized
2) Spinosaurus
3) Hard’N Fast
4) Living for the Riff
5) Bitter Leaf
6) X-Celerator (Feel the Power)
7) Pterö-Ranger
8) Down the Rain
9) Le voyageur d’Oort
10) Face the Challenge

DISCOGRAPHIE

Fossilized (2025)

Ültra Raptör - Fossilized

(2025) - heavy metal speed metal power metal - Label : Fighter Records

Ok, aborder un groupe prénommé Ültra Raptör n’est pas chose aisée. Ils sont manifestement humoreux. Et ne le fussent-ils point, alors le fut-ce, ne serait-ce que par ricochet involontaire. Donc du metal des familles pour injection de fun a priori. Ajoutez à cela un style pratiqué qui ne manque pas de sel : old school heavy/speed. En avant les clichés Simone.

Je vous passe la longue liste des groupes cités en influences pour me concentrer sur ceux que je parviens à distinguer de par ma propre culture et les riffs et sonorités entendus çà et là : Grave Digger. Il y a la finesse d’un Grave Digger. Dans les riffs, la batterie et la lourdeur de la production, ne nous accordant aucune légèreté. Ça a son charme, le fumet du désuet tout autant que l’appel du headbanging. Efficace à défaut de raffiné. De toute façon, vous le saviez que ce ne serait pas raffiné à la lecture du style pratiqué. Surtout avec un certain Zoltan Saurus à la guitare. Non mais sérieux, qui va dans un groupe, se trouve un pseudo et choisit en dehors de toute contrainte Zoltan Saurus ? Le guitariste d’un groupe traumatisé par les dinosaures. Et c’est fun.
Alors si le style musical s’annonce dénué de finesse, il n’empêche pas la diversité des rythmes (et oui), tout comme les tentatives de changement. Enfin, changement, on s’entend. On demeure dans la maison metal bien lourde à tout moment. Car les riffs turbinent, les soli s’envolent dans des tourbillons de notes, certes mélodiques, mais plus portés par la nécessité de l’acte que la recherche d’une nouveauté inattendue. Néanmoins cela permet de citer un deuxième groupe bien connu : Iron Maiden. Oui, il y a un peu des Anglais dans Ültra Raptör, il suffit d’entendre les doubles leads tout autant que le tagada de "Bitter Leaf". Peu étonnant au vu des influences germaines revendiquées de toute manière. Au niveau des chansons, "Spinosaurus" ressort de la cohue par sa batterie lourde (ok, évidence), allant s’essayer au blast accompagné d’un screaming des familles. Rien de révolutionnaire, mais incongru dans un ensemble tant bardé de classicisme.
Fossilized n’est pas un parangon de la nouveauté ou de la subtilité, c’est chose clairement établie. Partant de ce postulat, et étant pleinement conscients des quolibets que ne manquera pas de lui attirer sa musique, les Québécois foncent tête baissée dans la joie et la bonne humeur, délaissant les moqueries pour se concentrer sur l’essence même de cette musique : procurer du plaisir, générer l’énergie dans notre matrice vrombissante, éructer dans la joie et la bonne humeur. Tout cela rendu possible par une maîtrise impeccable des codes tout autant qu’une technique parfaitement en place. Certes le timbre du chant sonne mat, presque étouffé, mais pour quiconque n’est pas à la recherche absolue des notes tenues haut, c’est tout à fait tolérable (presque même un soulagement). Pour l'anecdote spéciale vieux, sur "Down the Drain" la troupe se permet même de singer "Rock You Like a Hurricane".

Les sorties de ce genre ont pour vocation première essentielle l’éclate. Sentir la musique par les riffs et les rythmes. On ne s’extasie pas des trouvailles ni des performances. On prend les sons tels qu’ils arrivent, et on apprécie. Et c’est étonnamment réussi en la matière.