19938

CHRONIQUE PAR ...

57
Painlesslady
Cette chronique a été mise en ligne le 07 septembre 2025
Sa note : 18/20

LINE UP

-Sara Bianchin
(chant)

-Alberto Piccolo
(guitare+claviers+piano)

-Marco Zanin
(basse+claviers)

-Rocco Toaldo
(choeurs+batterie)

Ont participé à l'enregistrement :

-Andrea Mantione
(claviers sur "Fire on the Roof")

-Michele Tedesco
(trompette sur "The Dress")

TRACKLIST

1) Void Meridian
2) At Races
3) Fire on the Roof
4) Immolation
5) The Dress

6) Reveal
7) Thicker Blood

DISCOGRAPHIE

The Spin (2025)

Messa - The Spin
(2025) - doom metal rock gothique jazzy parsemé de cold wave - Label : Metal Blade Records



Depuis ses débuts, Messa s’est imposé comme un ovni dans la sphère doom, refusant toute classification définitive. Avec The Spin, Messa continue de déconstruire les frontières musicales en opérant une fusion magistrale entre doom, rock gothique, jazz, et même cold wave. Le quatuor italien livre ici un album dense, audacieux, d’une cohérence rare malgré la diversité de ses influences.

Dès "Void Meridian", l’ambiance est posée : synthés eighties, arpèges brumeux, textures glacées, et cette pulsation mécanique quasi-industrielle qui propulse l’auditeur dans un monde hybride, où l’expérimentation rime avec justesse. Sur "At Races", c’est l’élégance du gothic rock à la Killing Joke qui suinte de chaque note, avec une prestance saisissante. Messa ne juxtapose pas les styles, il les fusionne avec une précision chirurgicale, sans jamais perdre son âme. Mais ce qui frappe d’emblée, c’est la voix de Sara Bianchin. Plus puissante, plus habitée, elle s’élève, vibre, ensorcelle. La revèrbe en accentue la dimension spectrale, et chaque mot semble arraché à une douleur sincère. La chanteuse confie avoir laissé une part de sa santé mentale dans cet album et cela s’entend. Fini les métaphores voilées, place à une nudité lyrique désarmante, où se mêlent égarement intérieur et renaissances douloureuses. Inspirée par Cormac McCarthy, Sara livre ici son travail vocal et textuel le plus brut et viscéral. À la fois fragile et souveraine, elle incarne avec justesse les thèmes intimes de l’album : dépouillement de l’ego, amours toxiques, désespoir cyclique.
Les contrastes sont omniprésents. "Fire on the Roof" combine riff tellurique, rythmique robotique, et une sensualité saisissante. Le refrain déclenche des frissons, comme un électrochoc émotionnel. Messa joue avec les tensions, et fait de chaque morceau une rencontre entre brutalité et tendresse. Sur le plan instrumental, The Spin continue d’explorer le champ métallique, puisant dans le heavy et le hard rock, mais avec un sens de l’équilibre admirable. Les solos (notamment sur "Immolation" ou "At Races") explosent avec précision, sans jamais rompre l’atmosphère éthérée propre au groupe. Et quand le blues s’invite sur "Reveal", c’est une fusion inattendue mais parfaitement intégrée, entre moiteur sudiste et froideur électrique. Le bottleneck utilisé avec parcimonie ajoute une couleur inédite à la palette sonore.
L’héritage jazz du groupe, quant à lui, affleure par touches subtiles, notamment sur "The Dress" ou "Immolation". Cette dernière commence sur un magnifique duo piano-voix, tandis que "The Dress" s’impose comme le cœur émotionnel de l’album. Véritable spirale descendante dans la dépression cyclique, le morceau explore l’enfermement mental avec une acuité bouleversante : « I’m trapped inside a nice velvet blue dress », une image forte, comme un symbole de cette prison psychique que le groupe illustre à travers une trompette lugubre, un riff récurrent comme une boucle obsédante, et un final à la guitare d’une intensité bouleversante. La chanson puise dans le vécu, s’enracine dans le mal-être, et à l’instar du "Phantom Pain" de The Mission (pour citer une autre formation de rock gothique de grande classe) exsude le mal de vivre avec une justesse troublante.
Enfin, "Thicker Blood" vient refermer l’album avec une tension contenue qui éclate dans un déluge final, ultime battement d’un disque qui n’a cessé de jouer avec le chaud et le froid, la rage et la tendresse. La fureur déchirante des ultimes secondes laisse l’auditeur hébété, suspendu dans un silence presque sacré, celui que seuls les grands albums savent imposer.


Avec The Spin, Messa signe une œuvre magistrale où les styles s’entrelacent et se heurtent dans une intensité hypnotique. À l’image du serpent ouroboros de la pochette, on y revient sans fin, non parce qu’il tourne en rond, mais parce qu’il révèle à chaque écoute une nouvelle facette, une nouvelle blessure, une nouvelle beauté. Messa signe ici une œuvre sensorielle, intime et radicalement honnête, un voyage bouleversant entre spectres sonores et abîmes intérieurs. Une œuvre à vivre, à traverser, à habiter. Et surtout, à aimer. Lentement. Intensément. Encore et encore.





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