Chronique : Ildaruni Divinum Sanguinem (2025)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 14 octobre 2025

Sa note : 12/20

LINE UP

-Narek Avedyan
(chant)

-Robert Meliksetyan
(guitare)

-Mark Erskine
(guitare)

-Artak Karapetyan
(basse)

-Arthur Poghosyan
(batterie)

TRACKLIST

1) Mithras Alone Is My Wreath
2) The Ascension of Kosmokrator
3) Of Nomos and Flaming Flint Stone
4) Forged with Glaive and Blood
5) Zurvan Akrane
6) Arcane Sermon
7) Immersion into Empyrean
8) Scorching Pathways to Samachi
9) Divinum Sanguinem

DISCOGRAPHIE

Divinum Sanguinem (2025)

Ildaruni - Divinum Sanguinem

(2025) - black metal - Label : Black Lion records

Alerte ! Intro avec accents méditerranéens. Accointance supposée avec l’Histoire. Potentiel lien mésopotamien ? Quoi de plus normal en venant d’Arménie. Le contraire nous eut déçu (en tout cas, votre lumineux serviteur, friand d’orientalisme). Ildaruni ainsi souhaite marquer son territoire, ainsi qu’une case de plus sur l’Atlas mondial couvert par mon auguste présence noire.

Alors folk… faut y voir une accroche plus qu’une véritable caractéristique. Sorti de cette présence fugace voluptueuse suggestive en amorce de musique, le sceau arménien n’a que peu droit de cité. En fait, le folklore se fond immensément dans un black metal d’obédience mélodique avec une surprenante solidité sonore. Car enfonçons les portes ouvertes des clichés, oui, j’attendais une production, sinon perrave, à tout le moins approximative eu égard à la provenance géographique. Que nenni, ramasse ton dentier, mange ton aride aigreur. Et peut-être la source de l’appréciation d’un certain Wineyard sur nos terres de leur première sortie. Bref, Divinum Sanguinem semble maîtriser son affaire et se permet le luxe de sonner tout à fait suédois s’il fallait donner un contexte.
De fait, nous sommes (je) presque déçus de les entendre sonner de la sorte. Car s’il est une chose nécessaire à ces groupes issus de pays mineurs du metal, c’est bien leur originalité géographique. À défaut de pouvoir imposer une reconnaissance par la nationalité, il faut savoir importer une patte locale dans la psyché dominante européenne. Ildaruni n'appuie pas suffisamment sur ce levier. Certes, l’on sent poindre de-ci de-là cette AOP frétillante, néanmoins… sur la faim on reste. Car manifestement le quintet sait ce qu’il faut faire de ses instruments, ce n’est pas une question, tout comme il gère la nécessaire mise en boîte sonore tout autant que la traduction des idées en chansons.
Sauf que ça sonne foutrement déjà entendu. La porte de sortie évidente qu’incorporer, pas forcément des instruments issus du folklore local, mais au moins des tics de composition vertement inspirés des grandes traditions arméniennes qui aurait été la démarcation évidente du combo tombe quelque peu à plat. Alors non, Divinum Sanguinem n’est pas dénué d’arguments que l’on pourrait qualifier d’arméniens, "Forged with Glaive and Blood" essaie d’insuffler un souffle épique de la tradition, pour autant on sent une certaine timidité à l’exercice. Lâchez-vous, les gars ! Faites-nous vibrer bordel de mortadelle ! Sonnez comme autre chose qu’une resucée de Rotting Christ/ Dark Funeral. Si on veut du black mélodique à tendance méditerranéenne bien fait, on sait où piocher. Ce qu’on aime tout autant, sinon plus, c’est la surprise, le décalage inattendu, et celui-ci est si aisément à portée lorsqu’on vient d’une contrée peu représentée dans le paysage actuel.

Occasion manquée tout autant que promesse à tenir, Divinum Sanguinem échoue entre deux culs (chaises ?). Semblant vouloir mettre l’auditeur dans ses charentaises, ou démontrer une assimilation des codes majoritaires du black metal, il n’arrive pas à exprimer suffisamment sa différence. Ce n’est encore qu’un deuxième album, mais attention à ne pas réitérer une troisième fois l’erreur, c’en serait fini des espoirs. En l’état, l’album mérite des encouragements timides, mais encouragements malgré tout.