CHRONIQUE PAR ...
Shamash
Cette chronique a été mise en ligne le 25 octobre 2025
Sa note :
17/20
LINE UP
-Lambert Lédeczy
(chant+batterie)
-Tibor Hanyi
(guitare+basse)
TRACKLIST
1) Urnaszellem... szentek csontpora
2) Vértükör
3) Sóhajok kapuja
4) Tetemek tava... lidércek tánca
5) Sikoltó füst
6) Az örök isten Lucifer
DISCOGRAPHIE
Rothadás -
Töviskert... a kísértés örök érzete... lidércharang
Rothadás. Depuis 2020, le duo hongrois - Lambert Lédeczy et Roland Neubauer - creuse son sillon dans les entrailles du death doom le plus caverneux. Leur premier album, Kopár hant… az alvilág felé, avait posé les bases de leur discours musical, bien que l’ensemble se montrait évidemment perfectible. Quatre ans plus tard, Töviskert… a kísértés örök érzete… lidércharang pousse cette démarche plus loin, en offrant un exquis voyage vers de lugubres contrées.
Dès les premières secondes, on comprend que le groupe a franchi un cap. La production, toujours volontairement rugueuse, gagne en lisibilité. Plus puissant, le son permet à la lourdeur du duo de prendre une dimension bien supérieure. La batterie claque et résonne par des frappes sèches et des coups de cymbales qui invitent l’auditeur à s’enfoncer dans la noirceur. Lambert Lédeczy, derrière les fûts et au micro chante avec un ton des plus adéquats pour ce style. Ses éructations sont autant de déclamations froides dénuées d’intention dramatique. Les Hongrois s’en tiennent à une austérité convenue qui aboutit à une musique sincère tentant de dépeindre de sombres visions.
Musicalement, Töviskert… a kísértés örök érzete… lidércharang se veut un condensé de désespoir, sans pour autant rechercher une quelconque emphase. Rothadás reste organique et bien ancré dans la terre. On ne plane pas ici, on s’enlise. L’espace sonore, réduit et compact est des plus cryptiques. Si les compositions demeurent longues, elles n’ennuient nullement. Rothadás insère en effet de véritables transitions : ruptures rythmiques, plages aux ambiances lugubres se succèdent pour notre plus grand bonheur. Les moments d’accélération souvent coupés par des passages d’une lourdeur bienvenue, finissent par terrasser l’auditoire, comme sur l’excellent "Vertükör".
Les compositions font montre d’un travail fin, car chaque riff de Tibor Hanyi semble pensé comme faisant partie d’une lente progression. Tantôt lourds, tantôt enlevés, ils laissent parfois entrevoir de très bons passages plus mélodiques, à l'instar de "Sóhajok kapuja". Une des limites du disque pourrait résider dans cet aspect finalement un peu trop monolithique, qui aurait tendance à asphyxier. Pourtant, pour qui sait l’apprécier, ce continuum s’avère une force, donnant à l’ensemble une aura noire des plus délectables. Les textes, tous en hongrois, renforcent cette atmosphère si singulière. Les quelques traductions que j’ai pu glaner laissent apparaître une fois encore l’aspect morbide et funéraire mis en musique par le duo.
Ce deuxième album ne révolutionne pas le genre. Il est simplement un excellent témoin de ce que le doom death peut offrir. Le son descend toujours plus bas, au gré de passages lourds et harassants, avec lequel nous nous enfonçons avec plaisir. Un très grand cru, qui marquera à n’en pas douter cette année 2025. Un retour à la terre pour le moins réussi.