Chronique : Gloombound Dreaming Delusion (2025)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 08 novembre 2025

Sa note : 16/20

LINE UP

-Mina Halvorsen
(chant+batterie)

-Emma Theneus Sønstebø
(chant+basse)

-Nate Gundersen
(guitare)

-Håkon Leira
(guitare))

-Eirik Haukaas
(claviers+cordes+cuivres)

TRACKLIST

1) At the Precipice to Longinquity
2) An Eternity of Complete Acquiescence
3) Salvation
4) Luminary Dissolution
5) Dreaming Delusion

DISCOGRAPHIE

Dreaming Delusion (2025)

Gloombound - Dreaming Delusion

(2025) - doom metal Funeral - Label : Independent

Quand on pense au pays des fjords, on pense aux fjords. Mais pas que. À ses immenses réserves de pétrole et de gaz naturel, ses aurores boréales, et surtout et avant tout, ses groupes de black metal si dominateurs et connus du monde depuis trente ans désormais. Pourtant, de temps à autre vient à l’esprit interdit d’illuminés de faire différemment. Par exemple, du funeral doom. Rigolade.

Sauf que fini le temps de la (rigolade) sitôt l’écoute débutée. Dreaming Delusion est lourd. Lourdingue. Pachydermique. Massif. Outre-tombique. Ça ils ont pas menti sur la marchandise, rien à voir avec les guitares grésillantes et légères de leurs compatriotes plus usuels. Gloombound met le paquet sur la disto, ça sature de malade dans les profondeurs abyssales du spectre sonore alors que le chant se permet d’appuyer plus encore ces appels au creusage. Curieux comme notre esprit s’emplit malgré nous des clichés, mais Gloombound n’aurait pas dû être norvégien. Il aurait pu être finlandais à l’instar des Thergothon et Skepticism. Ou allemand comme Ahab. Voire amérimachin comme Evoken. Ben non, une autre fois. Comme quoi un bagage culturel ne fait pas que limiter les horizons. Références citées, inspirations validées. Cependant Gloombound a le bonheur d’aller plus loin. Sans singer il ajoute. Des cordes et des cuivres ce qui est une sacrément bonne idée que voilà. De la richesse à bas coût et une intelligence dans la composition par des propositions pertinentes et suffisamment limitées dans leur utilisation pour en accroître l’importance. Une basse fretless aussi. Oh la belle surprise que voilà !
Alors n’en attendez pas du Di Giorgio, ni même une place prépondérante dans le mix, ça n’aurait pas été approprié. Par contre elle apparaît de-ci de-là dans les respirations du mix, masterisée bien fort malheureusement, avec cette prestance caractéristique qui fait fondre. Puis même dans les passages plus chargés vous serez à même d’en entendre l’auguste présence, la tire vers le tréfonds. Un groupe intelligent que voilà, sachant varier les approches et les instruments pour se démarquer. Et les rythmes. Car ne vous ai-je point parlé de blast beats. Faisons. Dès "At the Precipice to Longinquity" les pavés sont dans la mare. Avec cette accélération Morbid Angelienne qui rappelle un groupe officiant dans le même style passé récemment entre nos pattes : Suffer Yourself. La saturation extrême des guitares fait que le riff rapide échappe quelque peu à notre intelligibilité mais il faut saluer la volonté de chercher plus loin que le simple bout de son nez. Dès lors l’accumulation des richesses se révèle être une accumulation de biens bien acquis. Même le chant clair de "Dreaming Delusion" touchant de fragilité et de bancal passe crème. Ajoutez au tout une pochette franchement sympa à mirer et vous devinez que nous assistons à la naissance d’un groupe à suivre. Et même pas signé avec ça… c’est à n’y rien comprendre.

Évitant l’écueil des titres systématiquement trop longs (ça pousse à dix minutes quand même) et s’affranchissant de l’ennui par l’inclusion de propositions différentes au fil de l’avancée des compositions, Dreaming Delusion s’impose comme un incontournable du funeral doom de 2025. Et peut-être plus si le passage du temps se montre clément.