CHRONIQUE PAR ...
Lord Henry
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
15/20
LINE UP
-Tomi Ullgren
(guitare)
-Aleksi Ahokas
(guitare)
-Henri Villberg
(chant)
-Samuel Ruotsalainen
(batterie)
-Pete Eskelinen
(chant)
-Sami Hinkka
(basse)
TRACKLIST
1)Misery 24/7
2)The Past Nightmares
3)I Am Complete
4)For The Ghosts Of Our Time
5)Silent Chrysalis Stage
6)Dreaming Of Oblivion
7)The Times We Bled (Closure)
8)Cold On My Side
9)Completion
DISCOGRAPHIE
Un problème se pose pour qualifier la musique de Rapture. Doom atmosphérique? Dark-heavy dépressif? Death mélodique? Oui, il faut bien admettre que tout cela pourrait convenir. Mais au-delà de l’étiquette, qui n’est au fond qu’un prétexte, le plus important est que le matériel proposé soit de qualité. Pas de souci de ce côté-là, Rapture assure. Longtemps comparé à Katatonia, le groupe finlandais prouve avec Silent Stage qu’il sait composer une musique originale, sombre, froide, mais très axé sur les mélodies et d’une mélancolie tout à fait nordique.
Accrocs au Prozac, passez votre chemin. Rapture ne vous sauvera pas de la dépression, loin s’en faut. Il aura plutôt tendance à vous persuader d’accomplir un geste regrettable… La noirceur et la tristesse envahissent cet album de toutes parts, qui rappelle beaucoup les envolées dépressives de Sentenced, période post-Amok. Cela se ressent surtout dans le jeu des guitares, pas extrême pour un dinar, mais très harmonique et expressif. Un héritage heavy-metal de bon aloi. Côté rythmes, même chose: loin sont les poncifs extrêmes tels que le blast-beat ou les attaques terroristes de la première corde de basse. Ici, tout est doux, calme, plein de doigté, pas foncièrement technique mais bien étudié. Quant aux vocaux, on retrouve l’alternance classique chant clair/growling, finalement le seul aspect qui permettrait de classer Rapture dans la catégorie « extrême ».
"Misery 24/7" en ouverture met en avant ces fameuses harmonies de guitares et le chant caverneux. D’entrée, on est plongé dans l’ambiance lugubre des forêts finlandaises par nuit de mi-lune. Le chant death y est pour beaucoup, même si je suis persuadé qu’il aurait pu laisser avantageusement place à de bonnes mélodies vocales, à l’instar du titre "Silent Chrysalis Stage". "The Past Nightmares" en rajoute dans la tristesse, avec un couplet calme à la Opeth et une voix plus colérique. Les vocaux clean sont plaintifs, mélancoliques, empreints de désespoir, très efficaces; ils se taillent la part du lion sur le superbe "I Am Complete", au break piano si opportun. Le guitariste soliste ne fait pas de la figuration et accompagne chaque refrain de leads sympathiques, qui donnent de la profondeur aux mélodies. Sur les deux instrumentaux que sont "For The Ghosts Of Our Time" et la conclusion "Completion ", son acolyte et lui font du fort bon boulot. Ils nous délivrent des harmonies magnifiques, et s’ils ne font pas preuve d’une maîtrise technique extraordinaire, ils y mettent le feeling. Et qu’y a t-il de plus important au fond? Rapture n’a certainement pas vocation à devenir le Dream Theater du dark.
Les claviers sont omniprésents sur chaque morceau et aident bien sûr à élaborer ces différentes atmosphères. Le meilleur exemple reste "The Times We Bled", très joliment orchestré. La double grosse caisse, parcimonieuse, et un refrain catchy à souhait, s’y ajoutent pour en faire l’une des plus belles pièces de l’album. Reste "Silent Chrysalis Stage", plus « rock », qui met bien en valeur le toucher du bassiste, et l’original "Cold On My Side" aux voix finement entremêlées.
Neuf titres, la messe est dite: Silent Stage est un disque qui nécessite un certain état d’esprit à l’écoute, mais il est bien difficile de résister à l’appel de la tristesse lorsqu’il est si joliment formulé. « Feeling » est le mot qui, définitivement, résume au mieux la musique des scandinaves. Il serait bien dommage de ne pas oser outrepasser l’image parfois peu ragoûtante que le metal extrême met en avant, car dans ce cas précis il vaut assurément le coup d’oreille. Une bien belle surprise.