Ami lecteur, aimes-tu Burzum ? Si c’est le cas, je t’encourage à continuer la lecture de cette chronique. Le cas contraire, tu peux passer à la chronique suivante, Brocken Moon n’est définitivement pas fait pour toi. Les Germains de ce groupe underground ont probablement passé leur vie à écouter les oeuvres de Varg Vikernes avant de composer la moindre note. Et du coup, ils se sont dit: « tiens, et si nous faisions comme lui ? »
Groupe underground certes, mais qui possède déjà une petite carrière, puisqu’il s’est formé en 1999. Après une tripotée de demos autoproduites, le premier album de Brocken Moon, Mondfinsternis, sortira en 2005 sur le label Christhunt, bien connu pour signer dans la joie et la bonne humeur toute une flopée de groupes aux opinions politiques pour le moins nauséabondes. Malgré cela, le feuillet promotionnel accompagnant le CD nous certifie que Brocken Moon n’est pas un groupe NSBM ou affilié à cette scène. N’ayant trouvé aucune information précise sur ce point, je leur laisse le bénéfice du doute. Le second album Das Märchen Von Schnee sortira une première fois en 2008 sur le propre label du groupe, Black Metal Mafia, avant d’être réédité quelques semaines plus tard chez Northern Silence Productions, le groupe ayant signé avec ce label. Voilà pour la petite histoire.
Digne héritier de Burzum, Brocken Moon (au passage, il n’y a pas de faute d’orthographe, le mont Brocken est un des plus hauts sommets d’Allemagne) reprend tous les gimmicks de la musique de Vikernes, et on peut parler de copie sans la moindre hésitation. Atmosphérique et dépouillée, la musique est fortement ancrée dans un répertoire « true » traditionnel, qui tente vainement de plonger l’auditeur dans un état dépressif. Sauf que la sauce prend très difficilement, la faute à des compositions trop plates, peu inspirées et à la production. Concernant ce dernier point, le son est trop clair, manque de granuleux, ce qui donne un rendu contradictoire avec la musique. Une production propre (mais plate et sans puissance) dans un disque se voulant cru est une contradiction assez étonnante, et au final dessert les compositions.
Plutôt répétitives, les compositions sont bâties sur le minimum syndical de riffs, qui ont en plus le mauvais goût d’être assez plats. Il s’agit du plus gros défaut de ce disque, car le minimalisme peut être attirant si l’inspiration est au rendez-vous. Le caractère répétitif des compositions peut à la rigueur attirer dans le cadre d’une approche hypnotique de cet album, mais le manque cruel de relief provoque plus l’ennui que les états d’âme dans lesquels Brocken Moon voudrait nous plonger. Même s'il est possible de les frôler, lors des passages chantés par exemple: le timbre de Grim, criard à souhait, est haineux au possible. Ou encore lors de quelques nappes de claviers, ou sur quelques accélérations de tempo bien venues.
Tout le problème est que l’album doit être considéré comme une longue chanson (les plages n’ont pas de titres, et des bruitages servent de transition entre les pistes), et que donc le premier titre (7 minutes tout de même) n’est qu’une introduction, quasi instrumentale. Puis le tout démarre lentement pour enfin arriver à des titres pure black à la piste 3. Couplée au manque de relief de chaque composition, ce procédé qui consiste à mettre l’ambiance en place en douceur est malvenue car il met en avant les défauts du disque. Enfin comment oublier de mentionner l'inoubliable plage 6, un concentre d’ennui: 20 minutes (le disque en fait 50) et un riff répété toutes les 6 secondes, plus quelques plages de claviers de temps à autre, histoire de.
Cette chronique pourrait très bien être celle de Hvis Lyset Tar Oss ou Filosofem, tant Brocken Moon copie Burzum. Et aussi étrange que cela puisse paraître au vu du texte ci-dessus, j’adore Burzum. Et Brocken Moon m’ennuie. Où se situe la différence ? Un des groupes avait le génie pour distiller une ambiance malsaine au possible, et l’autre ne l’a pas. Or les deux utilisent presque les mêmes techniques (ou absence de technique en l'occurrence), production mise à part. J’aurais presque envie de répondre que je n’en sais rien en réalité: c’est la magie de la musique, et c’est inexplicable.