CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
10/20
LINE UP
-Ciaran O'Hagan
(chant)
-Saul McMichael
(guitare)
-Dave Briggs
(sifflet+mandoline+bodhran)
-Michael Proctor
(basse)
-Den Ferran
(batterie)
TRACKLIST
1)As the Deities Clash
2)Walk with Honour
3)Beyond the Ninth Wave
4)Galloping Gaels
5)To Dine in the Otherworld
6)Usurpers of Our Legacy
7)Taker of Heads
8)Elemental Chaos
9)Brü Na Böinne
DISCOGRAPHIE
Les ponts peuvent quelquefois être du bel ouvrage. Prenez le Golden Gate par exemple, magnifique œuvre d’art, symbole du savoir-faire de construction et de résistance des matériaux des ingénieurs de l'époque. Le pont représente un chemin lancé entre deux points non joignables a priori. De la même façon en musique, le pont est un moyen de lier deux phrases ou deux parties entre elles. Pourquoi ce rappel de définition ? Tout simplement parce que vous allez beaucoup entendre parler de ponts dans la chronique ci-dessous.
Pour un groupe avec autant d'années au compteur, Waylander ne fut jamais très prolifique. Formé en 1993, premier album en 1998, et Honour Amongst Chaos sera leur troisième opus. Étant donne leur ancienneté, Waylander pourrait être un fer de lance du folk-metal celtique. Et pourtant il n’en est rien, la faute sûrement à la discographie peu fournie, et donc au manque de visibilité promotionnelle. Mais le responsable le plus évident ne peut être que cette banalité musicale, et ce Honour Amongst Chaos en fournit une excellente démonstration. La folk/pagan de Waylander est on ne peut plus classique autant dans la forme que dans le fond, mais entaché de trop de défauts pour en faire un disque correct. L’auditeur sera donc nourri jusque satiété de chansons mixant du metal tirant sur le power et le black, et du folk celtique (irlandais pour être plus précis), tout comme du Ensiferum ou Einherjer, en moins scandinave donc.
Tout semble dit avec la description ci-dessus. Désespérément classique, sans aucune originalité pour rehausser le tout, cet album s’enlise au fil des écoutes dans la masse des disques vraiment moyens. Et ce n’est pas le manque d'éléments de guitare accrocheurs qui va rattraper le tout. Entre le précédent album et celui-ci, le line-up du groupe fut remanié et passa de deux à un guitariste. Il semblerait bien qu’ils aient viré le guitariste lead pour garder le rythmique. Les compositions ne comportent quasiment aucun riff, ni aucun travail sur les lignes mélodiques avec les guitares (l'intégralité des mélodies est assurée par les instruments folk). McMichael ne possède qu’un rôle rythmique, et ne prend jamais l’espace sonore principal. À noter que cet espace sonore n’est pas bien ample de toute façon, la faute à une production franchement mauvaise, qui manque de puissance et de punch, et donne un rendu brouillon. De manière générale, et ce malgré la contribution de Dave Briggs, l’ensemble du disque manque de lignes mélodiques accrocheuses. Présent juste en support, le folk du groupe est trop découplé des compositions pour apporter une réelle valeur ajoutée.
Sauf lors des ponts. Nous y voilà, et autant le dire, les mecs de Waylander auraient dû travailler dans le BTP. Car les ponts sont, et ce immanquablement, les parties les plus intéressantes de chaque titre. Ils ont certes une tendance à se ressembler, sûrement parce que le rythme est souvent le même, le groupe s’engluant dans un mid-tempo sauf lors de quelques rares accélérations. Hormis cela, chaque pont est un petit moment de bonheur au milieu de cet ennui ambiant. Waylander en profite pour mettre d’autres sensibilités en avant, comme lors de ces passages de cornemuse mélancolique, classique certes mais tellement efficace ("Brü Na Böinne"). Ou encore lorsque les percussions se mettent en branle, comme durant "Beyond the Ninth Wave", ce qui apporte un groove cruellement manquant jusque là.
Disque très classique au final, qui s’inscrit en plein dans la tendance folk/pagan, Honour Amongst Chaos pourrait s'élever un peu au-dessus de la moyenne s'il ne comportait pas tant de défauts majeurs: mauvaise production, travail des guitares trop léger, superposition des lignes mélodiques folk sans réelle intégration. Seuls quelques passages de transition dans les compositions peuvent rehausser le maigre intérêt du disque.