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CHRONIQUE PAR ...

9
Adam Weishaupt
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17/20

LINE UP

-Dave Brockie
(basse+chant)

-Mike Derks
(guitare)

-Brad Roberts
(batterie)

TRACKLIST

1)40,000 Times
2)Too Much Stuff
3)You Want to Suck My Dick
4)Pants
5)Faggot on Fire
6)Helium Creed
7)Beat Stall
8)Dance of Europe
9)Iranian Masturbator
10)Washing Yourself
11)Servant of Death's Head
12)Two Smart Guys Fight (About Michelangelo)
13)Pennington Lark
14)I Clean Up Real Good
15)Great News!
16)Masturbate
17)I Saw Three Forms
18)Calling Dr. Fong

DISCOGRAPHIE


The Dave Brockie Experience - Diarrhea Of A Madman



« Cher journal. Dernièrement, GWAR est allé trop loin. On ne se sentait plus très à l’aise et en plus les ventes ont été catastrophiques, alors il a fallu lever le pied sur le burlesque. Heureusement, depuis qu’on est revenus au metal de vrais mecs, les choses vont mieux. On participe à des festivals. On a même reconquis des fans de la première heure qui avaient trouvé Cärnival Of Chaos trop barré ! On est sérieux, maintenant. On fait peur. Une page a été tournée. Fini les conneries. Ouais. Hm. Voilà, voilà. Il fait beau, sinon. »

Ça aurait été vraiment triste si, en 2001, Violence Has Arrived avait été la seule voix à s’élever du petit bunker miteux aux airs de fumerie de crack paumée au milieu d’un quartier mal famé de Richmond, Virginie, qui sert de Q.G. à Dave Brockie et sa bande d’éternels étudiants. Or, pendant que GWAR émergeait d’une chrysalide pour donner le résultat plutôt mitigé que l’on sait, Brockie, Mike Derks et Brad Roberts se donnaient en spectacle dans des petites salles et des bars locaux, sans masques, ni costumes, ni aucun autre impératif découlant de quelque chose d’aussi unique que leur groupe principal, sous le nom initial de O.L.D. (pour « obnoxious, loud and drunk »). Renommé et entré en studio, le groupe a rapidement pondu un Diarrhea Of A Madman qui peut être considéré comme une tentative de soupape ayant permis au noyau de GWAR de laisser libre cours à sa créativité et à son humour, deux éléments restés complètement sclérosés (en studio, du moins) jusqu’à la sortie de Beyond Hell en 2006. Le terme « experience » n’est pas là uniquement pour permettre de singer le logo des Dead Kennedys : le trio part d’une base punk d'une fraîcheur rare, comme on peut l’entendre sur "40,000 Times", pour ensuite y greffer des éléments de plus en plus incongrus comme les abominables steel drums midi de "Too Much Stuff" et "Pants", les bugles traumatisants de "Dance of Europe" ou encore l'utilisation massive d'harmoniques et d'accords bizarres à la basse ("Great News!", notamment).

Bref, on continue sur les acquis de Cärnival Of Chaos, le cadre GWAR en moins : Dave Brockie n'a plus à gronder, est plus « lui-même », plus détendu; certains morceaux, comme "Iranian Masturbator" et surtout "Washing Yourself", fleurent le jam tandis que d'autres se permettent de ne durer qu'une minute et des poussières sans que leur intensité et leur hystérie n'en souffrent le moins du monde… Au final, on a droit, aussi paradoxal que ça puisse paraître, à du punk expérimental. Conjugués à cette musique venue d'ailleurs, les thèmes abordés – beaucoup d'homosexualité ("Faggot on Fire" est une belle chanson sur le désir) et d'onanisme fiévreux, seconde guerre mondiale, Renaissance italienne, Vietnam, misère sexuelle sous toutes ses formes, quête initiatique en Extrême-Orient ou encore le rôle d'Internet dans la démythification des célébrités de notre temps (« I’ve been all over the Internet but I still can’t find the autopsy photos », à propos de Lady Di) – renforcent l'impression d'être passé de l'autre côté d'un miroir de forme obscène pour y trouver un monde peuplé de lutins naturistes au sourire figé dont l'hymne national serait "He's So Gay" de Frank Zappa. Et ce n'est pas la présence des sketches/spoken word finaux, sur fond de bruitisme et de musiques diverses sorties d'on ne sais où, qui facilite l'usage du langage pour décrire le surréalisme complètement décomplexé à l'œuvre ici.


Moins bourrin et impitoyable que GWAR, bien qu'offrant toujours une alternative aussi salutaire que déroutante à l'approche baba-cool du psychédélisme, The Dave Brockie Experience ravira les amateurs de bizarreries bondissantes exécutées par des gens qui n'ont ni retenue, ni amour propre. Groupe éphémère (il leur aura fallu trois ou quatre ans pour abandonner les tournées pour cause de mini van pas climatisé), il ne nous reste que nos yeux pour pleurer à l'idée qu'on ne le verra jamais en première partie d'Amy Winehouse.


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