CHRONIQUE PAR ...
Lord Henry
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
15/20
LINE UP
-Mika Uronen
(chant)
-Joonas Koto
(guitare)
-Markus Vanhala
(guitare)
-Jonas Maki
(basse)
-Toni Paananen
(batterie)
TRACKLIST
1)Assembly Line
2)Colours in Between
3)The Industry
4)The Long Run
5)Divided
6)Expedition
7)Circles in the Sand
8)Fragile Pages
DISCOGRAPHIE
Originellement orientée vers un thrash sans concessions, la musique de Malpractice a su profiter de l'évolution de son line-up, très changeant depuis 1994. Profiter, car le metal progressif que pratique le groupe finnois aujourd'hui est convaincant, sans aucun doute.
À ce titre, les qualités d'interprétation des musiciens y sont pour beaucoup. Mais jamais Malpractice ne laisse de côté le facteur mélodie, des influences heavy-metal old-school étant partout plus que présentes. C'est en particulier la voix du chanteur Mika Uronen qui les personnifie, avec des intonations « dickinsoniennes » rappelant notamment Antony des Machine Men. Il s'agit en réalité, pour ce Deviation From The Flow, d'un mix entre le metal progressif technique que peut proposer Dream Theater, et le heavy pur. La sauce prend...
Les parties instrumentales sont toutes de grande qualité. Une constante chez Malpractice (qui ne porte pas vraiment bien son nom), et que l'on retrouve même dans les titres les plus « bruts » que sont "Assembly Line" et "The Industry". On note en particulier un son de guitare solo spécial, léger et aérien, fort plaisant. Adjointes aux correctes lignes vocales de Mika Uronen, les efforts de composition du groupe brillent ici par leur simplicité. Simplicité relative, toutefois, puisque l'on change totalement d'esprit lorsque c'est au tour de "Colours in Between" de cracher dans la sono. Des plans de guitare invraisemblables y viennent titiller une batterie psychédélique, laissant augurer de loin des réminiscences d'une certaine "Metropolis Part I"... Même si derrière ses fûts, Toni Paananen épate plus par une réelle aptitide à enchaîner des breaks complexes, que par une « vraie » créativité. Mais ça reste du très lourd. On pourra penser ce que l'on veut de ce Deviation From The Flow, mais nul ne pourra reprocher à Malpractice de bâcler ses sessions studio!
Du coup, et c'est somme toute logique, les lignes vocales perdent en marge de manœuvre ce que les grattes gagnent en amplitude et en espace sonore. Le producteur Anssi Kippo ne s'y est pas trompé, faisant tour à tour valoir l'une ou l'autre de ces composantes essentielles de la musique. Pour le cas Mika, c'est surtout son chant posé qui y gagne. Toutefois, un soin évident a été porté à une backing voice quasiment constante. Joonas Koto et Markus Vanhala, les guitaristes, sont le plus souvent bien mis en avant. "The Long Run" et "Divided" sont des morceaux de bravoure pour nos deux compères, assurant magistralement tant en rythmique qu'en solo, et en arpèges également: la fin de "The Long Run" n'est-elle pas un modèle du genre? Un regret s'installe, cependant: il manque quelque chose... Mais quoi? Un clavier bien sûr. Il est certain qu'un claviériste, de niveau éuivalent à celui de ces sérieux gugusses, apporterait beaucoup au son de Malpractice. Il élargirait considérablement leur horizon musical, qui n'échappe aux sonorités maideniennes que pour accueillir les prouesses techniques des guitaristes, et pour efficace que soit cette formule, il serait de bon aloi de la varier un tantinet.
Surtout que la musique de Malpractice, par essence, a une force d'évocation assez puissante. Les rythmes sont très variés, les atmosphères suivent. "Expedition" nous montre ainsi ce que Mika sait faire, tandis que "Fragile Pages" prouve enfin l'existence d'un bassiste, en la personne de Jonas Mäki... Toujours très chiadées, les parties instrumentales deviennent un peu trop chargées sur ces titres. L'effet de linéarité se fait sentir. Attention donc à ne pas tomber dans le travers de la technique prenant le pas sur le feeling. Quitte à délaisser temporairement l'aspect metal pur... Mais en tant qu'ex-thrasheux, cela pourrait aussi signifier pour les musiciens, sacrifier une partie de leur personnalité. Quoiqu'il en soit, après plus de dix ans difficiles, l'avenir s'annonce enfin radieux pour Malpractice. Il suffisait de trouver le bon line-up... À conseiller tant aux amateurs de metal progressif qu'aux fans de Maiden. Qui sont parfois les deux en même temps, mais pas toujours.