CHRONIQUE PAR ...
Flower King
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
8/20
LINE UP
-Germán Pascual
(chant)
-Fredrik Grünberger
(guitare)
-Johan Niemann
(basse)
-Daniel Flores
(batterie)
TRACKLIST
1)Blind Justice
2)Castle of Eternity
3)Red Storm Rising
4)Beyond Endurance
5)With These Eyes
6)Andromeda
7)Ending a Story
8)A Thousand Nights (After the Last Sundown)
DISCOGRAPHIE
L’archéologie en musique, ça a toujours du bon. C’est vrai, il faut déterrer les vieux trésors : dans le meilleur des cas, ça permet à tous les amateurs peu fortunés ou malchanceux de mettre la main sur une gemme réservée jusque-là à une poignée de puristes à l’œil torve atteints de collectionite aiguë, et dans le pire, ça stoppe net une spéculation pour un objet qui n’en valait vraiment pas la peine. Comme le petit cadran à droite de ce texte est un joli tue-suspense, vous avez d’ores et déjà deviné à quelle catégorie appartient cette parution signée Mind’s Eye…
Ainsi, 1994 : The Afterglow est la ressortie de la première demo du groupe parue… en 1994 (nous allons de surprise en surprise dans cette chronique). La formation n’a pas cédé à la tentation du réenregistrement, ce qui est louable : le groupe assume ses premiers enregistrements et tient à les présenter autrement qu’un lambeau d’histoire bon pour la fosse commune. Malheureusement, même en se montrant indulgent et en se replaçant quinze ans en arrière, il va être très difficile de s’enthousiasmer, tant les compositions évoquent un metal prog immature. Entendons par là que dans la plupart des titres, nos musiciens se sont contenté d’enquiller riffs et plans instru, souvent très inspirés par ce qui se faisait à l’époque, et ont collé ici et là une partie gentiment mélodique en guise de refrain. Ajoutons à cela des solos complètement interchangeables et qui refoulent le Petruccisme à dix mètres, et on obtient le tableau suivant : au pire ça ne tient pas debout, au mieux c’est de l’ultra-classique, mais efficace.
Dans cette dernière catégorie on pourrait citer la power-ballad sympathique With These Eyes, qui offre une bouffée d’air semi-frais bienvenue dans ce bunker du metal-prog 90’s, ou le catchy "Castle of Eternity" qui fait bien son âge mais se défendrait encore bien, s’il n’était ruiné par ce chant complètement à la ramasse… et on y arrive ! Germán Pascual, qui ne fera pas de vieux os dans le groupe, est un chanteur proche de l’abominable. Sa « technique », héritée du pire des années 80, donne une voix sans aucun grain qui se permet des montées dans les aigus hésitantes ou horribles, quand elles ne sont pas juste hors de propos (la fin de "Ending a Story", ridicule) et qui se marie mal avec le style pratiqué. Arrivé au dernier titre ça devient franchement irritant, malheureusement c’est le moment que choisit Mind’s Eye pour balancer son titre épique, dans lequel Germán franchit les frontières de l’épouvantable sur le refrain. Un refrain dont ils étaient tellement fiers qu’ils nous le resservent six fois dans le titre, Seigneur… c’est bien simple, de ce "A Thousand Nights", on ne retient rien, sinon la crainte d’avoir à se fader ces montées insupportables une fois de plus, et ça ne loupe pas. À écouter pour le croire.
On saluera le courage de Mind’s Eye de dévoiler ainsi son œuvre de jeunesse sans rajouts ou additifs, mais il n’empêche que seuls les complétistes y trouveront leur compte. À moins que vous ne soyez un amateur de metal-prog pas trop regardant et resté bloqué en 1993, mais dans ce cas-là, comment pouvez-vous avoir accès au Net, petit plaisantin ? (ah, décidément, on se sera beaucoup amusé dans cette chronique)