Fondé en 1992, le groupe finlandais Hevein a su prendre son temps avant de sortir son premier album. Beaucoup de temps même, car il leur aura fallu 13 ans pour pondre Sound Over Matter . Treize longues années, parsemées de quelques démos et de plusieurs changements de line-up, pour finalement produire 10 chansons. Evidemment, si on fait le calcul, on s’aperçoit que cela représente une chanson toutes les 1,3 années (c'est-à-dire une chanson en un an, trois mois, 18 jours, 14 heures et 24 minutes tout rond). Alors oui, en effet ça fait long, mais au moins le résultat est là.
Difficile de coller une étiquette sur la musique de Hevein, tant celle-ci oscille entre death, dark, thrash et métal, avec en plus des passages calmes. Mais s’il fallait la décrire en deux mots, ce seraient sans aucun doute possible « violon et violoncelle » (ceux parmi vous qui ont fait math sup/math spé me diront que ça fait trois mots, et ils auront raison, mais passons sur ce point). Car soyons francs, sans son violoniste et son violoncelliste, Hevein ne serait qu’un autre groupe sympatoche de death/thrash, rien de moins, rien de plus. Toute l’âme de sa musique, toute son originalité réside dans ces deux instruments, dans la façon dont ceux-ci sont parfaitement incorporés au sein de la formation. Plus que de simples arrangements, ce sont des membres du groupe à part entière, dont la contribution est essentielle aux mélodies et à rendre l’ambiance générale de l’album des plus classieuses. Mieux que ça (ou pire que ça, pour ceux qui ne supportent pas les instruments à cordes frottées), on trouve même des solos de violons, très jouissifs, durant lesquels guitare, basse et autre batterie se retrouvent propulsés en arrière plan à jouer les accompagnements, comme par exemple sur "Iota" ou sur "Only Human".
Parlons maintenant du reste, de ce que l’on peut entendre derrière le couple violon/violoncelle. Et bien on y trouve pas mal de choses mine de rien ! Déjà des titres bien pêchus à tendance death/thrash, tels que "Bleed The Day" ou "Beg To Differ", toujours très mélodiques, en particulier sur les refrains, qui eux tirent plutôt vers le métal. On trouve également des chansons plus calmes, tels que les deux power ballades "As Far As The Eye Can See" ou "Only Human", deux titres faciles d’accès mais très efficaces, ainsi que l’instrumentale folk "New Hope", un peu monotone. L’album se conclut d’une bien belle façon avec "Last Drop Of Innocence", dotée d’une intro atmosphérique suivie d’une montée en puissance progressive tout le long du morceau, qui réalise une belle synthèse de Sound Over Matter . Au niveau du chant, rien à dire : que ce soit en growl, en chant métal sur les refrains, ou en chant clair, Juha assure comme il faut. Sa voix a quelque chose de sombre, de grave, et gagne en intensité lorsqu’elle est accompagnée par les violons. La production est très bonne également : les instruments se distinguent très bien les uns des autres, y compris la basse et le violoncelle. Le seul vrai défaut que l’on puisse trouver à cet album est le manque de consistance des parties guitare : rien de bien extraordinaire, c’est propre mais sans plus.
Premier album très réussi donc pour Hevein, groupe injustement méconnu. En résumé, l’élément fort, celui qui fait toute la beauté, toute la classe et toute la puissance de cet album (comme vous l’avez sûrement compris maintenant) est cette parfaite symbiose métal/violon. Mais c’est loin d’être le seul point fort de Sound Over Matter, qui nous propose des morceaux de très bonne qualité, un rythme non linéaire et sans temps mort, interprétés par un chanteur qui sait y faire. Tout cela ne laisse présager que du bon pour la suite, qui devrait arriver normalement en 2009. J’attends donc avec grande impatience leur prochain opus.