CHRONIQUE PAR ...
Alexis KV
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
14/20
LINE UP
-Dennis Binnekade
(chant)
-Remco van den Berg
(guitare)
-Joris Bol
(batterie)
-Marcel Guyt
(claviers)
-Marc Goojis
(guitare)
-Rob Krijgsman
(basse)
TRACKLIST
1)Unspoken Words I
2)The Betrayal
3)Unspoken Words II
4)The Untold Prophecy
5)The Event Horizon
6)System Log (9608, 10987)
7)The Gathering
8)Unspoken Words III
9)Nocturnal Lament
10)The Resurrection
DISCOGRAPHIE
On n'insistera jamais assez sur l'importance, au sein d'un groupe, d'un élément fédérateur dépassant le cadre purement musical, par exemple de profondes convictions religieuses - ou antireligieuses, c'est selon -, un mariage approuvé en bonne et due forme par Monsieur le Maire, ou, dans les cas les plus cocasses, une passion commune pour les jeux de cartes à collectionner. D'après la légende - enfin, le feuillet promo - les six membres de The Aurora Project ont commencé par s'affronter à "Magic: The Gathering" avant d'unir leurs forces dans ce groupe pour le moins ambitieux. Débouler en parfaits inconnus et proposer directement un album-concept plutôt tarabiscoté est un pari plutôt osé que nos amis hollandais ne réussissent que partiellement, bien que le résultat puisse valoir le détour.
Si pour les activités extra-musicales, le dénominateur commun au sein du groupe semble être les univers de fantasy, la musique, elle, est plus inspirée d'un rock cérébral et atmosphérique à la Porcupine Tree ou Anathema que de Rhapsody et Manowar. Attendez-vous donc à de la musique sophistiquée où les mélodies peuvent à la fois s'étirer tout un couplet ou être condensées en un refrain accrocheur, avec une production aérée laissant s'exprimer tous les instruments et une technicité exempte de démonstrations gratuites, entièrement au service des ambiances pouvant aller d'un état de douce rêverie à une angoisse oppressante. Rien de bien nouveau sous le soleil, en somme, mais un mélange possédant une certaine personnalité, même si elle n'est pas encore bien façonnée et affirmée.
Le premier point qui rapproche The Aurora Project de ses influences, c'est une voix mélancolique, fragile, parfaite pour les passages les plus calmes, mais malheureusement assez limitée quand il s'agit de monter en puissance, ce qui est d'autant plus regrettable sachant que l'album propose quelques refrains sublimes ("The Untold Prophecy", "Nocturnal Lament"). Le duo basse-batterie a la part belle avec ses rythmiques rarement simplistes mais empreintes d'une bonne dose de groove ("The Betrayal"), même si le résultat n'est pas vraiment du niveau de ce que l'on a pu entendre chez la bande à Steven Wilson. Les guitares explorent intelligemment un large panel de sonorités, du petit chorus en son clair avec bonne dose de reverb aux gros accords de puissance, épaulées par des claviers généralement discrets et de multiples petits effets électroniques aux teintes légèrement psychédéliques.
Le seul hic, c'est que l'album n'est pas vraiment homogène au niveau de l'inspiration, et les structures non-linéaires font que ce défaut se fait sentir à l'intérieur même des compositions: on peut passer dans un même morceau d'un instant enivrant à quelque chose qui mérite plus le qualificatif d'amorphe (heureusement assez rare). Et ce fichu concept... Le groupe semble en être tellement fier qu'il vous l'impose presque de force par le biais de passages narrés qui ne sont pas toujours du meilleur effet, notamment le long et ésotérique "System Log" qui vous bassine à coup de continuité espace-temps, de folie rationnelle et autres vecteurs de destination. Peut-être que vous aurez le courage de creuser ça entre un petit bouquin de Stanislaw Lem et votre visionnage hebdomadaire de 2001: Odyssée de l'espace. Pour votre fidèle serviteur, tant que la musique est bonne...