CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13.5/20
LINE UP
-Jason Peppiatt
(chant)
-Joe Haley
(guitare)
-Cameron Grant
(basse)
-David Halley
(batterie)
TRACKLIST
1)Ob(Servant)
2)A Calculated Effort
3)Slaves of Nil
4)The Shifting Equilibrium
5)Removing the Common Bond
6)Horde in Devolution
7)Blood Stained Lineage
8)Immortal Army of One
9)Initiate
DISCOGRAPHIE
Symbols Of Failure n'avait pas réellement convaincu notre si slave collaborateur Alexis KV, qui avait pourfendu dans sa chronique le manque de moments marquants dans l'album précédent des Australiens. Et bien c'est à croire que cette critique a dû revenir souvent sur le tapis, car les Psycroptic ont décidé d'insuffler de la variété dans leur death technique. Alors c'est sûr qu'(Ob)servant ne risque pas d'être diffusé en boucle sur NRJ, mais les choses semblent en bonne voie.
Et pourtant on ne peut pas dire que l'emballage invite à la rêverie : (Ob)servant démarre sur les chapeaux de roue et on pourrait un peu hâtivement classer cet album dans le brutal death. Bien évidemment le jeu totalement épileptique de David Haley cueille au menton, et son approche de la double pédale est pour le moins complusive... mais la violence de son jeu est atténuée par la faible proportion de blast-beats, et surtout par un son ultra-triggé qui en fait hurler beaucoup. C'est un choix discutable en effet, car si elle est exrêmement claire la batterie est également dépourvue de puissance et semble venir de loin... mais ce son qui ne conserve que la vélocité permet au passage de mettre l'accent sur les guitares. Et il y a lieu : la guitare est d'autant plus reine sur cet album que le chant hurlé multiformes est aussi mixé un poil en retrait, et elle est porteuse à la fois d'agression et de changement.
Car en plus des traditionnels riffs asymétriques tordus sur fonds de débauche de toms, Psycroptic offre çà et là des variations totalement inattendues. Avec plus ou moins de succès : "A Calculated Effort" présente un riff hardcore basique ultra-pénible, mais aussi des envolées lead à la Schuldiner saisissantes... et surtout une outro planante totalement alien, faite d'arpèges post-rock en son clair qui installent une ambiance glaçante. Mieux encore, la mélodie qui se dégage est reprise en mode death metal quand l'album enchaîne sur "Slaves Of Nil". Le résultat claque et la manière dont cette même mélodie est ensuite reprise à nouveau, déformée, tordue, puis mise au service de la violence est vraiment très bien pensée. Idem pour la mélodie traînante de "Removing the Common Bond" qui devient soudainement riff destructeur.
Le côté bloc est donc toujours présent, mais il est désormais possible d'isoler çà et là des moments qui se détachent par leur inventivité. Les riffs laissent filer des notes à vide glauques postcore avant de partir dans le thrash puis carrément dans le métal prog virtuose sur "Horde in Devolution", déroulent leur variations sur des kilomètres sur "Immortal Army of One"... il y a vraiment des efforts et ça fait plaisir, même si ça ne suffit pourtant pas. Car si les incursions de mélodies et de groove tapent systématiquement dans le mille elle restent minoritaires, et on se dit au final que Psycroptic gagnerait vraiment à se lâcher une bonne fois pour toutes, à se désengluer de leurs codes et à ne faire du death technique qu'un élément de leur musique. Dès qu'ils expérimentent c'est tellement bon... pourquoi le faire si peu ?
(Ob)servant plaira beaucoup aux fans de death technique qui cherchent un groupe extrêmement efficace et carré tout en étant doté d'un petit grain de folie. Pour les autres ce grain paraîtra bien riquiqui, et au vu de l'évolution du groupe ils attendront le prochain album en espérant que les diables de Tasmanie sauront se libérer un jour totalement de leurs chaînes.