Voilà 6 ans que Lvmen n’avait rien sorti. Deux albums, très courts, mais intenses, qui allaient de la chanson 1 à la chanson 7. On a cru que le groupe avait splitté définitivement et n’était guère que l’ombre du Bora, ce vent froid venu des pays de l’est qui ne va pas plus loin que la péninsule italienne. Car il est vrai que la popularité du groupe s’était bien étendu dans le milieu underground, aux côtés des Breach ou The Ocean, mais n’avait pas frappé la scène post-hardcore mondiale, au même titre qu’Isis ou Cult of Luna. Pourtant, le groupe revient en 2006, plus fort que jamais dira t’on.
La recette Lvmen est facile à appliquer et facilement reconnaissable, mais pas forcément facile à reproduire, un premier morceau tout en douceur, le bien nommé "#8", petite perle post-rock de quatre minutes, qui précède, vous l’aurez deviné, "#9". L’absence de fade-out ou de blanc rend le contraste saisissant, les guitares saturées arrivent, le chant hardcore se colle dessus sans trembler dans ce qui est le meilleur morceau que le groupe a sorti dans sa carrière (on se prendrait à rajouter un « pour le moment »). L’incursion du piano et le caractère tranchant de la rythmique font de ce titre l’apogée du disque, une sorte de condensé du talent des tchèques en neuf minutes de plaisir, ni plus, ni moins.
Pour autant, le disque ne s’arrête pas là, bien heureusement. "#10" tente de poursuivre son prédécesseur dans une voix plus rapide, plus dynamique, plus ancrée dans ce que le groupe a sorti auparavant mais hélas pas aussi prenante et bien plus brouillon que ce à quoi le groupe nous avait habitué… Les vocaux de la fin du titre nous permettent de nous ressaisir, pour enchaîner sur un "#11" (toujours sans temps mort) et ses riffs dévastateurs. On remarquera l’aspect plus moderne du morceau et de l’album tout entier, mieux produit, le groupe bénéficie de meilleurs moyens qu’avant, en témoigne la remasterisation des deux opus précédents.
Place à la conclusion de l’album, "#12" et son intro Neurosisienne, suivie d’un enchaînement de riffs puissants et immersifs engageant le dernier titre de l’album, où même les superstitieux trouveront leur compte : "#13" où le groupe se prend à pondre quelques soli de guitares surplombé par une batterie toujours plus virevoltante et par des chœurs, une nouveauté chez le groupe, qu’ils feraient bien d’essayer un peu plus à l’avenir tant le mélange fait saliver. Les deux minutes conclusives reprennent là où le disque avait commencé : par un calme presque mélancolique, l’orage est passé, mais pas sans faire de dégâts.
Si les Tchèques peuvent être apparentés au Bora, Mondo est une tempête qui secoue les habitudes du genre, et vient se poser là comme un des meilleurs disques sortis dans le genre depuis Kollapse en 2001. Le raffinement, la qualité de la production, l’inventivité, l’assimilation quasi parfaite d’influences aussi qualitatives que quantitatives rendent un disque comme Mondo indispensable pour tout amateur de hardcore ou post-hardcore, tout simplement.