CHRONIQUE PAR ...
Sebrouxx
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Jack Foster
(chant, guitare)
-Trent Gardner
(claviers)
-Robert Berry
(batterie, basse)
TRACKLIST
1)Jazzraptor's Secret
2)The Corner
3)To Have And To Hold
4)Outbreak Money
5)Dreaming Not Sleeping
6)Mandelbrot World
7)God And War
8)The New American
9)Inspiration
10)Sometimes When You Win
DISCOGRAPHIE
Imaginez. Un ancien diplômé en composition et théorie musicale tourne la carte et change radicalement d’activité. Rien d’illogique aux Etats-Unis, où personne ne garde un seul et même boulot du premier au dernier jour de cotisation. Rien d’illogique non plus à ce l’individu ici concerné, Jack Foster III, soit donc passé de musicien professionnel à agent immobilier : l’amour des volumes, des structures, des matériaux. Et ce pour mieux revenir à ses premières amours : le progressif.
Jack Foster a de la bouteille et des connaissances dans le milieu prog’ et cela se sent dès les premières notes de ce Jazzraptor’s Secret, quatrième album solo de son auteur. Un départ non pas en fanfare déliro-technique mais en subtil mélange de cri d’enfants, de grosse basse bien compressée et de voix masculine très bande-annonce made in USA (Don LaFontaine si tu nous entends !). La couleur est donnée et la fanbase de Foster sera ravie d’apprendre que Jazzraptor’s Secret reprend exactement là où Jacky Jack l’avait laissé avec ses deux précédents opus, à savoir Tame Until Hungry et surtout Raptorgnosis. Par rapport à ces derniers efforts, Foster a incontestablement fourni un travail titanesque à la fois en matière de sonorités plus agressives que par le passé, mais aussi d’écriture, parvenant même à atteindre les cimes avec des textes à la beauté digne d’un Neal Morse.
En témoigne l’excellent “Dreaming Not Sleeping“, meilleur morceau de l’album, complexe sans jamais chercher à faire montre d’une technique parfaitement accomplie et tape à l'oeil. Voilà une ballade progressive comme (au hasard) Toto aurait bien voulu en offrir à son public à la belle époque… Il en va de même, dans un autre registre, pour “Mandelbrot World”, longue pièce de neuf minutes où Jack et ses acolytes explorent tout un pan du blues, d’un jazz (limite free) avec en sus une partie instrumentale centrale à tomber à la renverse. L’exemple parfait de la technique au service d’un monumental travail d’écriture. “God and War” s’insinue tout particulièrement dans cette ultime alchimie du fond et de la forme et ce dès une introduction aux vocaux très Spock’s Beard. Une certaine idée du bon goût, raffiné tout en s'avérant bien efficace.
Bien aidé par ses comparses de toujours, Trent Gardner aux claviers (ainsi qu’à la production) et Robert Berry derrière les fûts, Foster livre une pièce majeure d’un rock progressif appréhendable et compréhensible non pas par les seules élites spécialistes du genre mais par tout bon amateur de musique. Soit ce que fit Toto à la belle époque.