CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-BottleBen
(chant)
-ToS
(guitare)
-Opyat
(guitare)
-Fog
(basse)
-Guyome
(batterie)
TRACKLIST
1)Blood for the Bloodking
2)L’Ankou – Twisted Song
3)The Dead Can’t Lose Again
4)Evil Echoes
5)Slowstone Banner
6)Temple of Blind
7)Demons Laugh
DISCOGRAPHIE
L’association d’œuvres littéraires et de la musique est un phénomène fabuleux. Sans que ce soit le but du compositeur, il arrive qu’un album évoque fortement un roman ou un univers de fiction, comme une symbiose d’arts complètement différents dans leurs formes. Et si The Beast Must Die, le premier essai, sous forme d’EP, des français de The Bottle Doom Lazy Band sentait bon les fumeries d’opium chinoises décrites par Sir Arthur Conan Doyle, Blood For The Bloodking évoque la campagne hantée de Claude Seignolle ou d’Anatole Le Braz.
Le doom ne se prête pourtant pas, a priori, à une telle association. Surtout quand il est d'obédience traditionnelle, ce qui est le cas pour Blood for the Bloodking. Tout comme son prédécesseur, l’album est directement inspiré des grands du Doom, à commencer par Black Sabbath, bien entendu, mais aussi Reverend Bizarre. Tempos pachydermiques, atmosphère lourde et poisseuse, riffs lents et répétés, vous connaissez le topo. The Bottle Doom Lazy Band ne s'écarte pas de ce chemin, il continue de jouer du doom mais le fait avec une profonde sincérité et surtout avec une grande personnalité, et une certaine maturité. Le son du groupe, qui bénéficie maintenant d’une excellente production, est de meilleure facture: il reste crade mais chaque instrument se détache mieux, il est plus organique aussi, et moins étouffant. La bonne nouvelle de cet album, c’est que le groupe a enrichi son style et défini encore plus sa patte. Nous retrouvons toujours les influences du Blues dans le chant de BottleBen, qui signe une performance excellente (cette voix hantée sur "Demons Laugh"). Les solos de guitares, quelques riffs, sont aussi réminiscents du Blues des marais de Louisiane.
Ou plutôt les marais poitevins, région d’origine du groupe. La musique de The Bottle Doom Lazy Band pourrait prendre sa source dans une histoire alternative du rock’n’roll, si dans un monde parallèle Robert Johnson était français et avait fait son pacte avec le Diable dans les marais hantés de la campagne de notre pays. The Bottle Doom Lazy Band ont forcement fait un pacte avec le Cornu, impossible autrement de mettre une telle noirceur hérétique dans les chansons. Alors que sonne le glas, la lamentation de "l’Ankou", personnage mythique breton, résonne aux sons tordus de la Viele à Roue. Rarement un instrument folklorique fut autant détourné pour donner un résultat aussi inquiétant, presque effrayant. Une atmosphère diabolique se répand durant les cinquante minutes que durent le disque: les cloches égrènent leurs notes lugubres sur "Blood for the Bloodking", la lente mise en place de "Evil Echoes" pour déboucher sur "Slowstone Banner", d’une lourdeur dantesque, le piano maudit sur "Temple of Blind". Une ambiance aussi bien campagnarde que démoniaque s'échappe du disque, d'où les évocations littéraires mentionnées plus haut. Outre la richesse et la diversité engendrée, cette atmosphère rend Blood For The Bloodking unique en son genre.
The Bottle Doom Lazy Band est un groupe précieux: jouant du doom traditionnel avec compétence et sincérité, il se permet de surpasser beaucoup de groupes du genre en enrichissant sa musique avec une atmosphère de sorcellerie démoniaque campagnarde réussie. Vous avez envie d’une musique de fond adéquate en lisant La Malvenue: Blood For The Bloodking accompagnera vos cauchemars.