Nolentia -
Sell Your Soul To Grind'n Roll
Je me suis encore fait avoir. Avec un nom latin signifiant par extension « Mauvaise volonté », une courte biographie rigolote fournie avec la démo et le descriptif « Nietzsche philosophant à coups de marteau sous l'emprise de LSD et poursuivi par des Ewoks teigneux (on n'insistera jamais assez sur les conséquences désastreuse d'une alimentation pauvre en fibres...) », je croyais avoir affaire à (encore) un groupe de grind rigolo. Et une fois de plus, une écoute aura suffi à me donner tort.
Nolentia, donc, est un groupe à tendance principalement grind, sur laquelle viennent se greffer divers éléments, tenant tant du death que du hardcore. Le premier titre confirme globalement tout cela : larsen, chant criard faisant penser à une sorte d'Anal Capone de Gronibard en moins teigneux (et tête à claque) et auquel s'oppose un chant caverneux, blast-beats pour l'aspect grind... Beatdowns, riffs lourds, chant rauque maniéré, sinon exagéré, pour le reste. Les autres titres suivent la recette « grind + autre chose », comme "Kanske", second titre du disque où l'on retrouve des riffs dissonants flirtant avec le black metal et même un passage carrément neo; ou encore "Nihil" et son riff central rock'n roll à souhait.
Enregistré en prise « live », Sell Your Soul To Grind'n Roll ! possède un son très brut, apparemment assez peu travaillé en aval et parfois brouillon, notamment au niveau de la batterie. On a parfois du mal à entendre la grosse caisse durant certains blasts voire dans des tempos moins soutenus. Cela mis à part, la guitare et la basse sont volontairement sales et les deux chants ressortent bien de cette masse de distorsion et de brutalité. Sur ce point, Ghis et Raph offrent des moments de question/réponse, entre voix criarde et bon gros growl, qui, s'ils ne sont pas du niveau du duo Poun/Arno de Black Bomb A, restent réussis et bien orchestrés.
En l'espace de 6 titres (démo oblige) et une durée qui n'excède pas le quart d'heure (grind oblige), Nolentia réussit à faire globalement une bonne impression. Bien écrits, les morceaux livrent de beaux moments, notamment les beatdowns écrasants ("Blindness Substituted", "Godless", "Destruct"), l'introduction dissonante à souhait et en crescendo de "Goethe" ainsi que son final oscillant entre blast et groove, ou encore l'inattendu « Rastaman !» braillé en chœur et à plusieurs reprises par Ghis et Raph par dessus le riff rock'n roll de "Nihil". Tout n'est pas non plus réussi, comme certains riffs en dessous du lot ou encore la production de la batterie.
Nolentia livre donc une bien jolie démo qui laisse voir une capacité à diversifier ses compositions en y incrustant des composantes d'autres genres (notamment death et hardcore). La prise de son « live » de l'album affirme au passage que le groupe se débrouille visiblement bien sur scène. Attendons l'album.