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CHRONIQUE PAR ...

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Dr Gonzo
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 18/20

LINE UP

-Brant Bjork
(tout)

TRACKLIST

1)Lazy Bones
2)Automatic Fantastic
3)Cobra Jab
4)Too Many Chiefs... Not Enough Indians
5)Sun Brother
6)Let's Get Chinese Eyes
7)Toot
8)Defender of the Oleander
9)Low Desert Punk
10)Waiting for the Coconut to Drop
11)Her Brown Blood
12)Indio

DISCOGRAPHIE


Bjork, Brant - Jalamanta
(1999) - stoner ambient psychédélique desert lounge très très stone - Label : Duna Records




En 1993, Kyuss enregistre Welcome to Sky Valley et Brant Bjork, batteur de la formation de tout arrêter en pleine route vers le succès. L’homme se fera ensuite plus discret, bien qu’officiant à la batterie chez ses potes de Fu Manchu et papillonne à droite, à gauche, du côté des Desert Sessions et de Fatso Jetson, notamment. Puis, il décide en 1999 de sortir Jalamanta, premier effort solo et fera tout comme un grand, basse, guitare, chant et batterie.


Et putain, qu’est-ce qu’il a eu raison le bougre. Libre et sans contrainte, Brant Bjork peut ici s’exprimer librement, laissant transpirer ses milliers d’influence, le tout bien embrumé d’un épais brouillard de THC. Parce que l’album « stoner » si ce genre voulait vraiment dire quelque chose, s’il n’y en avait qu’un, c’est celui-là, c’est Jalamanta. Répétitif et sans complexes, dense et hypnotique, cet album ne joue même pas la surenchère sonore à coup de mur de guitares accordées en Do bavant de la distortion à travers un baffle de basse. La guitare ici est gentiment saturée, évoquant Hendrix toute fin des 60’, la basse est ronde et très envahissante et la batterie pleine de surprises. Jalamanta n’est pas l’album des gros riffs qui tuent. Tous ses riffs tapent juste, mais surtout prennent corps grâce à une batterie sachant être lourde et robotique quand il le faut (“Too Many Chiefs… Not Enough Indians”, “Lazy Bones”), ou tour à tour funky, exotique et jazzy.

C’est là qu’on sent que le bonhomme est un musicien essentiellement rythmique, parce que c’est via les rythmes qu’il insuffle une couleur à ses morceaux et qu’il donne du relief à ce qu’il compose. Mais en contrepartie, l’absence de ligne mélodique accrocheuse, le tout enveloppé d’une certaine léthargie harmonique rend l’album, disons non pas difficile d’accès, mais peu enclin à susciter l’adhésion immédiate. Il faut pratiquer l’écoute rituelle sans chercher de buts précis, et attendre l’éveil qui vous cueille tel un bouddha dodu assis sous un arbre fruitier. Une fois de plus, son surnom de Mr Cool n’est pas volé, car Jalamanta est la transcription musicale du mot « cool ». Alternant le paresseux, le minimum syndical répété à outrance à des instants de fureur stoner-punk, Brant donne l’impression de toujours savoir où il va alors qu’il se contente de se faire plaisir – d’où une certaine redite à terme, au bout de plusieurs albums.

Enregistré à l’ancienne au Rancho de la Luna, ce disque laisse une large place aux instrumentaux que je me retiens de toutes mes forces de qualifier de groovy tant ce terme galvaudé finit par perdre son sens. Mais le fait est là, ça swingue, ça fait taper du pied, remuer les doigts, hocher la tête et tapoter sur des supports divers. Que ce soit “Cobra Jab”, boucle hypnotique dont la mélodie acide, dotée d’un son étrange puisque jouée sur une seule corde, gavée de fuzz (donc pas de saturation, mais juste un sustain obscène) se dandine une batterie jazzy ou sur “Defender of the Oleander”, groove tentaculaire et feignant, au rythme plein d’assise, capable de vous clouer à un canapé le temps que s’écoulent les 7 minutes 58 secondes qui le composent, Brant Bjork se plaît à être parfaitement crédible en officiant dans des genres où on ne l’aura pas imaginé. Loin de moi l’idée de minimiser son apport à la batterie dite « stoner » au sein de Kyuss, mais force est de constater que rien que de ce premier effort solo, ses habilités rythmiques sont autrement plus riches et plus denses.

“Let’s Get Chinese Eyes” – notons au passage la référence à Cheech & Chong pas vraiment surprenante - vient s’ajouter à la liste des swings, tandis que “Sun Brother” ose le shuffle enrichi de percussions tribales mais discrètes sur un riff joué en son clair, économe dans le nombre de notes et prompt à susciter la transe de l’auditeur. Puisqu’on parle de percussions, mentionnons dans la foulée “Indio”, dernière piste se passant de batterie, apportant une conclusion très peace à l’album. Mais que le nostalgique de Kyuss se rassure, il reste tout de même quelques titres un tant soit peu bourrins, capables de transporter à travers des tempêtes de sable. “Low Desert Punk”, son classique inaltérable qu’il joue encore en concert est de ceux là. Un riff, deux accords et demi, des paroles imperceptibles, et c’est parti. De même “Her Brown Blood” rappelle les affinités du bonhomme avec le punk, si jamais on l’avait oublié - ce qui risque d’arriver à plusieurs reprises le long de l’album. Enfin, comme une chronique de Brant Bjork ne peut être complète sans mentionner une apparition de Mario Lalli, et bien signalons-la, car il chante et joue de la guitare sur “Toot”.


Jalamanta est donc l’album à découvrir pour prendre la mesure du talent de la sincérité de Brant Bjork, pour passer un excellent moment fait d’horizons musicaux éloignés et reposant pour les nerfs. Définissant une nouvelle fois ce qu’est un artiste indépendant, l’homme prouve avec une totale maîtrise de sa production que non seulement c’est possible, mais qu’en plus, c’est bien.


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