CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Matthew Davies-Kreye
(chant)
-Kris Coombs-Roberts
(guitare)
-Darran Smith
(guitare)
-Gareth Davies
(basse+choeurs)
-Ryan Richards
(batterie+choeurs+claviers)
TRACKLIST
1)Rules and Games
2)To Die Like Mouchette
3)Kicking and Screaming
4)Constant Illuminations
5)Maybe I Am ?
6)You Can't See the Forest for the Wolves
7)Building
8)Beneath the Burning Tree
9)Someday the Fire...
10)Waterfront Dance Club
11)Charlie Don't Surf
12)Ghosts
13)Constant Resurrections
DISCOGRAPHIE
Seigneur, que le temps passe. Imaginez-vous, jeunes lecteurs, qu'il fut un temps Iron Maiden avait un chanteur fort décrié nommé Blaze Bayley. Et que c'est avec ce line-up que je les vis en live pour la première fois lors de la tournée Virtual XI. A l'époque un sous-genre de métal montait en force : l'émocore, blindé de références guitaristiques au heavy-traditionnel mais présentant déjà un chant hurlé de sagouin extrêmement reconnaissable. Funeral For A Friend faisait partie de cette vague, et Maiden les ayant pris en première partie je les découvris (et appréciai) à cette occasion. D'où ma surprise en les écoutant faire de la pop aujourd'hui.
Je ne sais pas ce qui s'est passé pour Funeral For A Friend durant toute cette période où je ne les ai pas suivis (un passage sur Wikipedia m'apprend que le line-up n'a plus grand-chose à voir), mais le changement est du genre brutal... ou plutôt pas brutal, justement. Le groupe a basculé très nettement du côté de la pop-rock, le son des guitares et quelques parties de batterie étant le seul lien tangible avec leur ancienne orientation. Signe emblématique : le chant hurlé a presque totalement disparu, le chanteur Matt Davies se cantonnant à son registre clair qui reste quand même bien emo (intonations djeunz, peu de vibrato) dans l'esprit la plupart du temps, sauf quand il tente l'émotion comme sur les couplets de la ballade intimiste "Building" où il s'en sort d'ailleurs très bien. Le son général de l'album se rapproche donc généralement d'un Bullet For My Valentine en plus gentil, voire des références de la pop-rock anglaise comme le single "Kicking and Screaming" qui s'articule autour de riffs et d'enchaînements rock très simples. L'opener "Rule & Games" a beau commencer par un riff rythmique bien senti, il part dans des digressions à la Avril Lavigne dès qu'on arrive au pont. Le changement stylistique est clair, et si tout ça se fredonne assez facilement ça ne vole quand même pas bien haut.
Il ne suffit pas de faire de la pop-rock, encore faut-il bien le faire. Et malheureusement les Funeral For A Friend ne semblent pas encore complètement maîtriser l'exercice. On trouve ainsi beaucoup de plans très bateaux qui non seulement n'évoquent rien de particulier mais surtout ne se retiennent pas outre mesure. Des compos très différentes comme "Someday The Fire..." ou "Charlie Don't Surf" échouent toutes les deux à marquer l'auditeur, que ce soit dans le registre échevelé de la première ou la sobriété mélodique à la U2 de la deuxième - qui n'a d'ailleurs pour avantage que de présenter un Davies agréable car tout en retenue. Pire encore : les moments les plus réussis sont ceux où le groupe muscle à nouveau son propos alors que ce côté est très largement minoritaire sur le disque. Le riff du pont de "Constant Illuminations" évoque Pantera avec brio, même si le groupe n'assume pas sa démarche jusqu'au bout en noyant le chant hurlé dans le mix. La meilleure compo du lot ("You Can't See...") est celle qui se base sur les harmonies heavy-metal du passé, le riff tournant bien addictif des couplets se voyant malheureusement gâché par un refrain bien trop sucré... le groupe ennuie presque systématiquement quand il fait du gentil et comme il semble y tenir c'est problématique.
Rien de foncièrement raté, mais pas grand-chose à se mettre sous la dent. Voilà le bilan d'un Memory And Humanity qui s'il semble sincère échoue tout simplement à provoquer l'intérêt. Funeral For A Friend était perçu comme un groupe de métal à fort potentiel il fut un temps, mais en tant que groupe de pop-rock ils sombrent dans une banalité ennuyeuse. Pas de chance.