CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Derek "Demon Carcass" Rydquist
(chant)
-Michael Keene
(guitare+vocoder+chant)
-Steve Jones
(guitare)
-Brandon Giffin
(basse)
-Lyle Cooper
(batterie)
TRACKLIST
1)Prison Born
2)The Ancient Covenant
3)Shape Shifters
4)Coldly Calculated Design
5)Xenochrist
6)Sons of Belial
7)Legion of the Serpent
8)Planetary Duality I (Hideous Revelation)
9)Planetary Duality II (A Prophecies Fruition)
DISCOGRAPHIE
Le métal extrême et l’espace sont deux entités aux nombreux points communs : inhospitaliers, sombres, froids, emplis de dangers et de mystères insondables. Malheureusement, dans l’espace, personne n’entendra crier un chanteur de death, fût-il aussi doué que Benton, Tardy, Barnes et Vincent réunis. Ceci explique peut-être pourquoi la science-fiction n’est que très peu représentée dans le métal extrême, qui lui préfère les zombis, l’enfer, la folie ou la nécro-pédo-zoophilie consanguine. Mais The Faceless semble décidé à changer cet état de chose en parlant OVNI, conspirations et créatures extra-dimensionnelles.
Bon, dans le genre il y a bien eu (entre autres) les excellents Sidereal Journey d’Oxyplegatz et The Power Cosmic de Bal-Sagoth (nous passerons sous silence la collaboration de Bolt Thrower/Warhammer 40.000 et Games Workshop...), mais les musiciens de death/black ne semblent que bien peu concernés par les trous noirs, la topologie, la propulsion supra-luminique et les aliens bavant. The Faceless commence donc par nous offrir une somptueuse couverture de Pär Olofsson, qui nous avait déjà ébloui avec des artwork pour Dying Fetus, Braindrill, Abysmal Dawn ou Severed Saviour. Les choses commencent donc bien. Heureusement, elles continuent sur la même lancée une fois le CD insérés dans la platine. On ne dira qu’un rapide mot sur la production, claire et puissante mais sans réelle personnalité, malgré de petites touches de synthé. Musicalement, c’est par contre un death-metal de haute volée que nous proposent là nos jeunes Américains (Planetary Duality est leur second album), varié, puissant et racé, avec des influences notables du côté de chez Cannibal Corpse et Nile, mais pas seulement.
Et c’est cela qui fait que The Faceless semble être promis à un avenir brillant. Leur musique est intelligente et intègre en son sein des éléments presque surprenants, mais toujours bienvenus. Un peu de black-metal sur "Sons Of Belial", au hasard, mais le plus intéressant se situe ailleurs. On notera par exemple le chant clair sur ce même titre qui permet d’aérer un peu l’ultra-violence du propos (même si le groupe use grandement des mid-tempos, le batteur n’étant pas tout le temps à fond sur la double et le blast) ou les solos propres et mélodiques comme sur "The Ancient Covenant" mais surtout durant ce break surprenant de "Coldly Calculated Design" et son approche très aérienne. The Faceless n’a décidément pas peur de sortir des canons du death pour y intégrer ce que leur créativité les pousse à faire, et semble t’il sans restriction. L’intermède doucereux "Shape Shifters" et ses arpèges fait penser à une musique de film et s’insère totalement dans la trame de l’album, donnant une personnalité marqué à Planetary Duality.
Parmi les autres éléments qui font de cet album un album un peu à part, on notera la présence à plusieurs reprises d’un vocoder utilisé par le guitariste (qui chante aussi en chant clair), donnant par là un côté futuriste encore un peu plus prononcé mais par forcément très pertinent tant le groupe manque ici de tomber dans le grand-guignol un peu ridicule. Chaque titre possède cependant une identité et une approche qui lui est propre, évitant le groupe de tomber dans la redite, comme par exemple le dévastateur "Xenochrist" ou encore "Legion Of The Serpent" et son riff presque néo-classique, en tous cas très baroque dans l’intention. L’album se termine avec un diptyque, ou plutôt une introduction et son développement. "Planetary Duality I (Hideous Revelation)" ne dure en effet qu’une minute trente, mais parvient à être un des meilleurs titre du lot grâce à son riff absolument destructeur et l’utilisation fort judicieuse de l’enregistrement d’un coup de téléphone donné lors d’une émission radio d’Art Bell aux US, où une voix anonyme et visiblement terrifiée commençait à révéler des éléments sur l’Aera 51 avant d’être interrompue…l’esprit d’X-Files n’est pas loin.
Le mariage entre science-fiction et métal extrême est ici un mariage heureux. Planetary Duality est un album intéressant, avec une ambiance qui lui est propre et des musiciens en son sein qui possèdent suffisamment de maitrise technique et de créativité pour enrober leur death-metal d’une couche d’originalité qui renforce totalement son efficacité. Amateurs de death intelligent (le death, pas forcément vous, hein), n’hésitez pas. Cet album est 100% "Lucificum approved".