CHRONIQUE PAR ...
Wineyard
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
12.5/20
LINE UP
-Frank Mullen
(chant)
-Terrance Hobbs
(guitare)
-Guy Marchais
(guitare)
-Derek Boyer
(basse)
-Mike Smith
(batterie)
TRACKLIST
1)Oblivion
2)Abomination Reborn
3)Redemption
4)Bind Torture Kill
5)Inis Concieved
6)Translucent Patterns Of Delirium
7)Creed Of The Infidel
8)Regret
9)Entrails Of You
10)The End Of Ends
11)Prelude To Repulsion
DISCOGRAPHIE
Suffocation résiste au temps. Après leurs débuts en 1990, trois des membres fondateurs sont encore là aujourd’hui à la sortie de cet album éponyme. Inutile donc de préciser que le combo est l’un des piliers du death metal, distillant une musique « old school » qui pourfend les âges sans rides. Inutile également de mentionner qu’ils sont attendus de pied ferme par les supporters de la première heure, comme par ceux qui veulent découvrir une quasi légende du genre.
On n’attend pas longtemps pour entendre le premier blastbeat « mitraillette » si cher au true/brutal death, tout juste l’espace de quarante secondes d’une introduction ("Oblivion" pour les intimes) pour le moins assez angoissante. Mais le blastbeat n’est heureusement pas la ligne directrice de l’album, en ce sens qu’il sait s’effacer pour laisser la place tantôt aux riffs, tantôt aux vocalises de Mullen, voire parfois à des breaks dépouillés et lents. La batterie de Suffocation est à vitesse et présence variables, utilisée à bon escient si l’on peut dire, ce qui démarque la musique de du groupe de la frange brutale. Elle arrive parfois à se mettre en opposition avec les guitares, à savoir qu’elle peut être rapide quand les premières sont lourdes, et inversement ("Bind Torture Kill"). Il faut admettre qu’elle est très bien servie par la production, à la fois claire et puissante, faisant la part belle à l’élément marquant des passages concernés. Mullen peut crier, il n’est jamais mis en retrait, il en va de même pour les soli, qui, chez d’autres groupes, sont trop souvent « couverts » par les fusils mitrailleurs propres au brutal death.
Côté voix, Mullen a l’air en forme. Il alterne avec aisance et bonheur les variations de growl, sautant du quasi-hurlé classique ("Abomination Reborn") à l’effet sanibroyeur des plus efficaces et agressifs, et c’est d’ailleurs dans ce dernier style qu’il est le meilleur, tel une promesse pour les concerts à venir et la tournée. Sa tessiture et son débit se marient à la perfection avec la relative « lenteur lourde » de la musique. Ce mot est peut-être mal choisi, mais c’est pourtant le cas, les guitares étant la plupart du temps sur une rythmique lente, sauf en cas d’accompagnement de la batterie ou pendant certains soli rapides. L’agressivité de Suffocation n’est pas le fait des cordes mais bien du chant et des percussions, les soli rappelleront plutôt Morbid Angel, les variations de rythmes plutôt death, et la nappe de fond plutôt Entombed.
Au chapitre des faiblesses, il faut noter que les titres sont difficilement discernables aux premières écoutes et utilisent les mêmes recettes, à savoir courtes intros peu variées pour entrer dans le vif vocal ou percussif sans détours. Pourtant, le groupe sait faire mieux, il suffira d’écouter le trio de tête "Oblivion"-"Abomination Reborn"- "Redemption" ou les peu nombreux soli pour s’en convaincre. Il est dommage que la maîtrise des changements de rythme et cette facilité de transmettre de l’agressivité ne soit pas mieux utilisée pour construire les trames des chansons au demeurant simplistes. On ne surprendra personne en écrivant que tout élan progressif est absent de cet album (les musiciens auraient la technique et le talent pour ce faire) mais cela n’est certainement pas le but, bien que cela ait pu donner une direction intéressante à l’album.
Entre le death old school et le brutal death, ce dernier opus de Suffocation est direct, brutal, très bien produit et joué, mais il laisse sur sa faim. L’album est cantonné à un genre et ne fait aucune digression ni ouverture vers autre chose, bien que la qualité musicale et vocale soit réelle. En dehors de deux ou trois titres très intéressants, le reste est linéaire et devient lassant après de multiples écoutes.