CHRONIQUE PAR ...
Dizayeure
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Ms. Maya
(chant)
-Mr. Catafalque
(guitare)
-Mr. Cerbeross
(guitare)
-Mr. Lethargy
(claviers)
-Mr. Ward
(basse)
-Mr. Gehenna
(batterie)
TRACKLIST
1)Trapped in the Night
2)And You Cry
3)Who’s Gonna Bury Me
4)Dagon
5)Till Death Tears Apart
6)Troops of Armageddon
7)Shadows Fall
8)The Headsman
9)They’ll Eat Us
10)Moonlight Shadow
11)Burning Flesh
DISCOGRAPHIE
Quand je suis tombé sur Saturday Night Evil de Deathlike Silence au milieu de mon paquet de promos fraîchement reçus, et que j’ai aperçu la pochette, je me suis précipité pour l’insérer dans ma chaîne hifi. Avec cet artwork sombre et glauque, ressemblant à s’y méprendre à l’affiche du film L’Exorciste, et cette tracklist alléchante (un des titres est nommé "Dagon" rappelant la célèbre nouvelle de Lovecraft), je m’imaginais déjà une musique torturée et sombre, cauchemardesque et malsaine, digne de la BO d’un Silent Hill. Hélas, tout cela était trop beau pour être vrai.
Dès les premières notes de "Trapped in the Night", le doute n’est plus permis : Saturday Night Evil est un disque de heavy mélodique à chanteuse, très facile d’accès. La première réaction est alors de se sentir trahi par la pochette et l’artwork : on s’attendait à tout, sauf à ça. Puis les titres s’enchaînent et l’on est obligé de reconnaître au bout d’un moment que ce que l’on écoute est tout de même sympathique. Progressivement, une fois le style accepté, on en vient même à apprécier, à notre grande surprise, quelques titres de Saturday Night Evil. La musique de Deathlike Silence ne révolutionnera pas le genre, c’est sûr, mais les mélodies sont au rendez-vous, simples et efficaces, telles que la ligne de piano sur "Who’s Gonna Bury Me". Les titres sont en majorité mid-tempo, au rythme lourd. L’atmosphère symphonique posée par les claviers sur la majorité des titres est classieuse et agréable, à l’image des titres "Who’s Gonna Bury Me" et "Till Death Tears Apart". Niveau production, c’est impeccable : tout est audible, bien mixé. La basse est bien présente d’un bout à l’autre, la batterie est entraînante et les riffs sont simples mais terriblement efficaces ("And You Cry", "Shadows Fall"). Les solos de guitare sont eux, par contre, assez inégaux en qualité : réussis sur certains titres ("Who’s Gonna Bury Me"), sur d’autres ils se rapprochent dangereusement du branlage de manche ("Trapped in the Night") ou sont tout simplement peu inspirés ("And You Cry").
En fin de compte, la seule chose dans cet album que l’on puisse rattacher aux films d’horreur, ce sont les paroles. Bien que celles-ci parlent de nuit, de morts, de monstres, de démons, de revenants et j’en passe, elles ne parviennent hélas pas à créer l’atmosphère cauchemardesque suggérée par la pochette, et on n'y croit pas une seule seconde. Dommage, car le visuel était là, même sur scène où les Finlandais portent des costumes très goths, entourés d’un cimetière comme décor. Pourquoi donc ne pas assumer pleinement ce visuel au sein de leur musique ? On a comme l’impression que Deathlike Silence a peur de se lancer à fond et se retient de faire la musique qu’il souhaite. Peut-être par paresse ou par pudeur, qui sait. En tout cas cela se ressent à mesure que les minutes d’écoute s’écoulent. En effet, bien que l’album ne comporte ni temps mort ni chansons réellement mauvaises, il faut bien avouer qu’après la première moitié de l’album la formule montre ses limites et lasse un peu. La seconde moitié de Saturday Night Evil est donc plus anecdotique que la première, et l’on aura du mal à retenir un titre en particulier plus qu’un autre. Tout au long de l’album, on n'attend qu’une chose : que le groupe explose, nous livre quelque chose de plus énergique, de moins prévisible et lisse. Que la chanteuse sorte de ce chant régulier et sans réelle nuance, et se salisse un peu. Que les guitares se déchainent et que la batterie s’accélère. Que les lignes de clavier s’assombrissent et que nous plongions dans quelque chose de vraiment sombre. Hélas, ce moment n’arrivera jamais.
Il aurait donc fallu plus de diversité, d'inspiration, de noirceur et de culot pour que ce Saturday Night Evil passe le cap de l’album sympathique mais anecdotique, et devienne un bon album. Un album en fin de compte beaucoup trop lisse et paresseux, et qui n’assume pas son artwork ni l’image que le groupe cherche à se doter. On finit l’écoute avec la désagréable impression qu’on aurait pu assister à quelque chose de bien meilleur.