CHRONIQUE PAR ...
Jal
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
18/20
LINE UP
-Johan Lindstrand
(chant)
-Marco Tervonen
(guitare)
-Marcus Sunesson
(guitare)
-Magnus Olsfelt
(basse)
-Janne Saarenpää
(batterie)
TRACKLIST
1)The Poison
2)At the End
3)1999-Revolution 666
4)Dying of the Heart
5)Electric Night
6)Black Ligthning
7)The Devil and the Darkness
8)Give You Hell
9)Body and Soul
10)Mysterion
11)Death by My Side
DISCOGRAPHIE
1998, une année avant la Révolution 666, The Crown nous revient avec un troisième album (le premier sous le nom The Crown d’ailleurs, puisque précédemment ils officiaient sous la dénomination Crown Of Thorns). Une production plus professionnelle mais toujours avec ce petit côté bien crade qui faisait la patte de leurs précédentes offrandes. De visu c’est déjà très kitsch : une main faisant les cornes du diable devant un pentacle enflammé, le ton est donné. Qu’en est-il musicalement parlant ?
C’est sur la voix du maître Johan Lindstrand que débute cette galette directement placée sous le signe du rock’n’roll. Oui, vous avez bien lu rock’n’roll, car The Crown pratique un death/thrash arrosé d’huile de vidange, de whisky, joué dans un vieux garage mais le fait parfaitement. Quand on dit que les Suédois sont nés pour le death metal c’est là qu’on se rend compte que ce n’est pas forcément idiot. Pendant que Dark Tranquility et In Flames posent les bases du death mélodique à la suédoise, la bande de Trollhättan développe des rythmiques plus simples mais sacrément puissantes. Comment oublier l’hymne qu’est "At the End" une fois qu’on l’a entendu ? C’est avec ce genre de riffs bien trouvés et parfaitement exécutés que The Crown s’est fait un petit nom tout en ne sortant jamais totalement de l’underground.
Nous pouvons nous demander pourquoi ce groupe n’est jamais réellement passé sur les devants de la scène s’il joue si bien. La réponse réside peut être dans la personnalité des musiciens. Malgré un chanteur fort charismatique qui mène parfaitement le jeu du front man et un bassiste impliqué au plus haut point dans la composition, le groupe reste discret et ne se prend pas la tête. C’est cette fougue que l’on ressent au fur et à mesure d’un album qui ne baisse quasiment jamais de régime, sauf peut-être sur "Black Lightning" un peu en dessous du reste au début mais qui remonte de niveau au moment d’une magnifique interlude pour laisser place à un solo dont The Crown a le secret. On arrive même à retrouver un petit riff punk dans "Electric Night" et cela ne fait pas tache au milieu du reste, bien au contraire.
Pour ne rien gâcher aux compositions, celles-ci sont magistralement jouées par des musiciens dignes de ce nom, commençons par le chant. Alors oui, Lindstrand est sans nul doute un des meilleurs vocalistes death mais ce n’est pas sans raison. Son timbre est reconnaissable entre mille, son chant est sauvage et puissant. La basse est également très présente dans les morceaux, ce qui donne un côté groovy pas déplaisant du tout. Les guitares se complètent naturellement l’une l’autre en partageant des soli et rythmiques phénoménales comme dans "1999-Revolution 666", le tout toujours soutenu par la voix de Johan. La batterie quant à elle ne monopolise pas l’oreille : on entend ce qu’il faut quand il faut. N’est ce pas ce qu’on attend d’une batterie, une présence rythmique permanente sans prendre le dessus sur le reste ?
Finalement parlons paroles. Soyons clairs, nous ne sommes pas dans les chansons d’amour de nos Casanovas français mais plutôt dans le morbide. Eh oui mes bonnes dames, on parle de death quand même. C’est donc la Mort au sens large qui prédomine et là, on se dit que le bassiste (Magnus Olsfelt) n’est pas totalement clair dans sa tête (il est à l’origine d’une grande partie des textes). L’enfer, la fin du monde, la mort, rien n’est omis. Alors oui certains diront, à juste titre, que les paroles sont kitsch, d’autres argumenteront sur la noirceur des textes, comme le font si bien nos chaînes de télé pour stigmatiser ce genre musical, mais finalement il en ressort une insouciance et en cherchant bien nous arriverons même à trouver des messages plus qu’intéressants dans ces vers morbides. Il est évident que tout va différer en fonction de l’interprétation de chacun, mais dans les images et certaines allusions de "The Poison" on laisse entendre les effets d’absorption de drogues, par exemple.
Au final The Crown nous sert là un très bon album, peut être même le meilleur de leur discographie. Une production crados mais totalement maîtrisée, des compos de très bonne facture qui feraient headbanguer les plus réfractaires au style, un album old school avec une ambiance à part. Je dis oui monsieur, qu’on nous en resserve.