CHRONIQUE PAR ...
Flower King
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Neil Fallon
(guitare)
-Tim Sult
(guitare)
-Dan Maines
(basse)
-Jean-Paul Gaster
(batterie)
+
-Per Wiberg
(claviers)
TRACKLIST
1)Time Horizon
2)Chancellor
3)Peruvian Airspace
4)Bien Clásico
5)Life on Lars
6)M.(f).H.S.
7)The Gigantomakhia
8)Work'em
9)Last Orbit
10)Bill Proger's Galaxy
DISCOGRAPHIE
Per Wiberg (Spiritual Beggars, Opeth) joue sur ce disque, et annoncé comme ça l’est par un bon gros sticker rouge sur la jaquette, ça risque d’attirer bon nombre d’hurluberlus vers la musique du Bakerton Group. Dont votre serviteur, qui n’aurait peut-être pas eu à chroniquer le présent disque le cas échéant. S’il est d’une certaine manière regrettable qu’il faille recourir à des guests comme autant de garde-fous pour attirer le chaland, on ne va quand même pas bouder son plaisir, car ce El Rojo est une agréable surprise…
Side-project de Clutch, groupe de stoner rock, The Bakerton Group en est le versant instrumental seventies et transpire le début de cette décennie par toutes ses pores, dans ses effluves psychédéliques, ses riffs heavy qui ne laissent jamais le groove à la porte, sa basse rondelette et caressante, sans oublier le Mellotron pour la couleur orchestrale et l’orgue Hammond pour renforcer le mur du son… à partir de là, deux options : soit on trouve la démarche vulgairement passéiste et/ou on ne trouve pas son compte dans les jams poussiéreuses au parfum bluesy/funky qui faisaient le charme de l’époque, et on passe gentiment son tour ; soit on se prend à rêver de cette époque qu’on n’a même pas connue, et on se laisse porter par ces dix variations pleines d’amour pour la décade des Rubettes et de Patrick Juvet, pour ne citer que les noms les plus emblématiques de cette période.
Et là, on se régale, parce que les bonhommes savent y faire. Il y a déjà ce son, chaud, vivant, dont on prend conscience de la qualité dès l’intro de batterie de "Chancellor" et qui ne baissera pas en qualité par la suite. Vous êtes invité à taper du pied ou bouger n’importe quelle partie du corps qui d’y prête : la machine à groove est lancée et ne s’arrêtera que pour changer le tempo d’un morceau à l’autre. Alerte sur le creamien "M.(f).H.S.", ou lourd sur l'inquiétant "Work’Em", mais toujours en place grâce à des parties rythmiques chiadées et jamais soûlantes. Quant à l’inspiration, elle ne nous manque pas si on n’est pas trop regardant sur l’originalité. On peut décider de ne voir en "Life on Lars" qu’une énième variation sur le thème de Peter Gunn, ou on peut suivre la cavalcade et se dire que ces mecs ne lâchent pas le morceau sur sept minutes, à force d’équilibrer les plans et de faire monter la sauce sans perdre leur fil. Le déjà cité "Work’Em" est encore plus impressionnant à ce jeu-là, dans sa gestion de l’attente et des accalmies qui évoquerait presque le King Crimson des grands jours.
Tout se termine avec un "Bill Proger’s Galaxy" qui nous fait doucement quitter le sol avant de mettre les gaz pour de bon, laissant derrière nous l’atmosphère enfumée qui nous a procuré tant de bien. Et si les grands aînés ont su réaliser des voyages plus ambitieux, plus pénétrants, plus jouissifs encore, on ne rechignera pas à refaire un bout de chemin avec notre Bakerton Group, d’une autre classe qu’un vulgaire tribute-band 70’s. Il y a les riffs, le groove, et l’ambiance de l’époque, et c’est tout ce que je demande pour m’évader. Même si ça ne vaut pas les Rubettes.