CHRONIQUE PAR ...
Dupinguez
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Gérard Fois
(chant+guitare acoustique)
-Christophe Offredi
(guitare)
-Nicolas Jeanpierre
(basse)
-Arnaud Gorbaty
(batterie)
-Sébastien Vibert
(clavier)
TRACKLIST
1)Edge of Fire
2)Dark Society
3)Under the Sign of Will
4)Forgotten Side
5)Dead, Dumb, Blind
6)Next Ones on the List
7)Friends
8)The Curse
9)Miracle man
10)Ghost (With a Different Soul)
11)Friends (remix)
DISCOGRAPHIE
Les savoyards d’Eternal Flight nous reviennent, toujours sous la houlette de Gerard Fois, avec un deuxième album, après un éponyme sympathiquement reçu. Tant mieux, car la France se cherche toujours une référence internationale en matière de Heavy Speed, après la déception Heavenly et un Manigance dont le succès n’est somme toute que local. Mais pour atteindre ce statut, il faudra outrepasser le côté amateur du premier effort du combo.
Car ce qui fait bien souvent défaut aux groupes en manque de moyens, c’est bien souvent la production. Quoi qu’aujourd’hui, cette affirmation est de moins en moins vraie, puisque le premier quidam venu, avec quelques moyens et de la débrouillardise, peut produire lui-même ses œuvres avec des résultats parfois bluffants… Mais là n’est pas le sujet. Enfin si, à vrai dire, puisque Under The Sign of Will n’échappe malheureusement pas à cet écueil, avec une production qui a du faire le choix entre clarté et puissance. Et vu que le style se veut précis et parfois assez technique, c’est du premier côté que la balance a clairement penché. Encore que, on a déjà vu mixage plus équitable, mais en y prêtant attention, tous les instruments sont aisément audibles… mais désespérément creux. La voix de Gérard Fois sonne de manière écrasée, mais on se demande par quoi, puisque aucun instrument ne se démarque vraiment, à part peut-être le synthétiseur, qui a le mérite de s’élever au-dessus d’une masse sonore décidément bien trop aplatie. Malheureusement, un synthé est rarement synonyme de rouleau compresseur, surtout quand il est utilisé la majeure partie du temps sous forme de nappes.
Parfois, quelques sonorités plus légères viennent accompagner les refrains, leur donnant un petit côté aérien pas désagréable, à l’image de "Forgotten Side". Malheureusement, plombé par cette production mollassonne, les titres peinent à donner un résultat représentatif de ce qu’ils valent vraiment. Car le style pratiqué est mine de rien assez évolué. Sur une base de heavy à tendance très légèrement speed, Gérard Fois se laisse aller à quelques influences plus progressives pour un résultat qui s’éloignent parfois – et c’est tant mieux – des codes du genre. Pour preuve la sombre "Deaf, Dumb, Blind" aux rythmiques tantôt lourdes, tantôt plus tranchantes et agrémentés de quelques breaks metal prog assez réussi, qui permettent de donner toute leur puissance aux passages les plus heavy. Encore une fois, dommage que le chant ne suive pas… mais finalement, au fil des écoutes, il apparait de plus en plus clair que la production n’est pas la seule à blâmer. En effet, le sieur Fois est parfois assez approximatif dans les aigus, préférant sacrifier le coffre et l’ampleur sur l’autel d’un vibrato parfois agaçant.
Notons d’ailleurs la sympathique apparition du vocaliste d’Ellipsis dans le titre "Friends", aux sonorités parfois plus FM et agréablement placée dans l’album, entre une flopée de titres plutôt nerveux. Cela dit, il ne faudra pas longtemps à ce titre pour également faire parler la poudre lors de quelques breaks bien sentis à grands coups de guitares assassines, à la fois apaisées et rendues désirées par une guitare folk judicieusement placée. Et pour bien parachever un bilan somme toute assez positif, Under The Sign of Will se termine d’une assez belle manière (si l’on passe outre la bonus track, relecture du titre "Friends" cité plus haut), en l’occurrence par le pavé nommé "Ghost (With a Different Soul)", qui nous permet de profiter une dernière fois de la variété d’ambiances proposées et l’utilisation judicieuse des claviers et de quelques passages plus techniques. Ce ne serait pas non plus faire justice que ne pas rendre hommage au travail sur les guitares de Christophe Offredi, aux multiples atours : agressives, mélodieuses, aériennes, acérées… On passe par toute une gamme d’émotion dans ce titre qui résume finalement assez bien le potentiel de cet album.
Le regret engendré par la production est donc d’autant plus important, alors que le potentiel de ce groupe s’affirme au fil des écoutes. D’une première écoute vite rebutée par la platitude sonore qui se dégage de l’ensemble, on arrive au final à une bonne surprise aux ailes un peu goudronnées. Un album qui aurait mérité meilleur traitement, en espérant que la prochaine soit la bonne et que Gérard Fois affirme son timbre.