On ne sait si c’est sérieux ou si c’est une plaisanterie. Le concept des super-groupes rassemblant d’illustres musiciens est dangereux et même parfois risible. Alors quand c’est pour du True Norwegian Black Metal, il fallait absolument que nous ayons notre mot à dire. Secht est assez unique dans son genre. Trente sept minute non-stop (un seul titre) de sauvagerie sonore et de bruitages en tout genre, totalement nihiliste, totalement home-made et totalement minimaliste.
Avec deux membres respectivement dans Orcustus/Gorgoroth (Dirge Rep) et Carpathian Forest/ Hatepulse (Vrangsim), la formation se paie le luxe des participations vocales de Gaahl, Nocturno Culto, Hoest, Nattefrost, Nag, Apollyon, Nordavind et la liste continue. Certains sont des ex Aura Noir, Darkthrone, Taake, Tsudjer… Bref, la crème norvégienne.
Musicalement, c’est sympa, tordu, déchiré, cru, du true narcotique black metal. Les gargouillements vocaux ne s’apaisent que quand la guitare reprend pour la énième fois son riff ultra minimaliste. Des samples de tout genre (enfants qui parlent, qui hurlent, vent, forêt, etc) ajoutent un peu à l’ambiance crue de l’ensemble. Durant ces longues minutes que dure ce morceau, assez logique dans sa construction puisque peu de riffs distincts sont joués, les vocaux s’en donnent à cœur joie, des hurlements primaires aux cris incessants, des « Satan » répétés des centaines de fois aux gargouillements incompréhensibles. Je ne sais pas si l’effet obtenu est celui escompté mais on rigole souvent, et assez franchement, à l’écoute de ce travail qui frôle le troisième degré.
Secht varie entre guitares sèches, riffs metal assez thrash et groovy, raw black metal effréné et passages doom très déchirés où les tout petits enfants ont très peur (les cris). Alors un coup on y croit, on est inspiré par cette musique assez originale dans son concept, et parfois on rigole ; on imagine qu’ils se sont bien amusés aussi. Un relent narcotique déborde de Secht, et ils ne s’en cachent pas. Les camés n’ont plus qu’à se tirer une balle. Tout va bien pour eux. D’ailleurs ils ne devaient pas tourner au Banga et cake lors de ‘l’écriture’ de cette pièce. Alors entre drogue et satanisme, la folie s’installe, l’Enfer descend, et ces âmes se réveillent.
Secht est intéressant par son approche, à la fois originale et violemment true. Il faudra cependant un petit travail d’adaptation pour prendre ce travail au sérieux tout le long du disque. Avec une fin non loin d’Abruptum, presque electro dans l’âme, il y a de quoi bien triper et se faire plaisir tout de même. Secht se dit lui-même non concerné par les effets secondaires de sa musique. A vous de juger.