CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
6/20
LINE UP
-Carlo
(chant)
-Gian
(guitare)
-Pedro
(basse)
-Manu
(batterie)
TRACKLIST
1)Lifeless
2)The Raven's Cawing
3)The Last on Earth
4)Dark Revolutions
5)Thought the Inner Void of Silent Chaos
6)Relapso
7)Stigma
8)Hate Replaces All
DISCOGRAPHIE
La mode existe-t-elle dans le milieu du métal ? Sans aucun doute, la réponse est oui : dès qu’un groupe connaît un certain succès populaire, soit en recyclant une vieille recette soit – plus rare – en innovant, immédiatement des tas de groupes se mettent à faire la même chose, plus ou moins consciemment. Ainsi les mouvements musicaux vont et viennent sur le devant de la scène, d’anciens courants à succès reviennent en force quand d’autre disparaissent dans l’underground. Mais cet état de fait amène un corollaire intéressant : un groupe peut-il être démodé dans le milieu du metal ?
Là encore, la réponse est oui. Et Sight en est une preuve. Décidément, l’Italie continue d’être, dans le métal, le parent pauvre des scènes européennes, autant en tout cas que l’on puisse en juger depuis la France. Après Daemusinem (également signé chez Deadsun Records) il y a peu, voici Sight. Sight propose du death/black totalement vieillot, et la non-utilisation du mot old-school est voulue tant les groupes se réclamant de ce courant peuvent parfois proposer du matériel très sympathique. Mais ici, non. Écouter Sight, c’est avoir l’impression d’être de retour au début des années 90. Mais cette impression ne s’accompagne pas d’une nostalgie teintée de ce « bon vieux temps » que l’on connaît tous. Non, ici on se croirait de retour sur les compilations des labels metal d’alors qui, enthousiasmés par l’essor du mouvement extrême, signaient absolument tout et n’importe quoi – ou plutôt, n’importe qui. Ces fameuses compilations, qui parfois existent encore (World Domination, Deaf Metal, Holy Bible…) comprenaient donc 80% de groupes médiocres, déjà de seconde zone dont plus personne n’a entendu parler ne serait-ce qu’un an après. Et bien Sight, bien que l’on soit en 2009, semble directement extrait de cette époque révolue.
S’enorgueillant de faire du death/black expérimental, Sight propose ici son premier album. Le côté expérimental du groupe est toujours recherché activement par nos services (à moins que ça ne soit ces arpèges misérables de guitares sur fond de tonnerre ?), mais en attendant, écouter en entier ce Sight est d’un ennui stupéfiant. La production est mauvaise, sale et digne – encore une fois – d’une démo du début des années 90, les compositions sont longues (plus de six minutes en moyenne), pénibles et sans aucun relief. Les riffs se répètent, jamais inspirés, la batterie oscille difficilement entre du blast mou du genou et des mid-tempos absolument pas entraînants, et quant au chant, il nous gratifie d’un growl sec, digne représentant du minimum syndical dans le domaine. Le fait d’avoir mis un peu la basse en avant est une louable intention, dommage que celle-ci se contente elle aussi de lignes simplistes, souvent les mêmes que la guitare. Et l’auditeur se retrouve empêtré dans cet objet ringard, sans que les timides touches de synthés ne parviennent jamais à lui faire hausser les sourcils. Quand au côté lent et mystique (du mauvais stoner/doom) que le groupe impose de temps en temps sur certains titres, il donne encore plus envie d’appuyer sur « stop » et de passer à autre chose. Ce que d’ailleurs, je vais maintenant faire.
Eh oui : puiser dans le passé pour enrichir le présent, oui. Mais il s’agit de sélectionner ses sources d’inspirations, et pas de vouloir se mettre au même niveau qu’un groupe de seconde zone dont plus personne ne se souvient, comme il en existait tant à cette époque. Pas la peine d’être à la mode pour avoir du succès, il faut juste veiller de ne pas être totalement has-been. Allez, oublions Sight et repassons aux choses sérieuses, vous voulez bien ?