CHRONIQUE PAR ...
Dupinguez
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Mark Kelson
(guitare+chant)
-Terry Vainoras
(guitare)
-Dave Langlands
(basse)
-Chris Stevenson
(claviers)
-Marty O'Shea
(batterie)
TRACKLIST
1)Silence
2)Without Reason
3)Lost Our Way
4)Self Inflicted
5)Blood
6)A Pale Reflection
7)Sunshine
8)Illuminate
9)Walk Beside You
10)Kartika
11)Means for an Ending
12)Brighter Day
DISCOGRAPHIE
Les Australiens de The Eternal ont déjà fait parler d’eux à plusieurs reprises, tout d’abord sous un autre nom, Cryptal Darkness, et un autre style, du doom teinté de death, puis avec un premier album diversement reçu, The Sombre Light Of Isolation, qui donnait dans un doom plus mélodique. Mais pour diverses raisons que l’on tentera ici d’expliquer, ils nous reviennent aujourd’hui sous de nouvelles couleurs, plus symphoniques, plus heavy… Plus évidentes aussi.
Attirances pour les sirènes du succès ou simple envie de se renouveler, le constat est le même : le propos à changé. Du point de vue de l’amateur de doom, on pourrait dire que Kartika est un ramollissement notoire par rapport aux précédents méfaits des Australiens. En vérité, les guitares ont légèrement repris le pouvoir et proposent quelques riffs plus couillus qu’auparavant. Le titre d’ouverture, "Silence", en atteste d’assez belle manière, avec son riff lourd invitant au headbang. On constatera également que le chant fait une part bien plus belle aux voix claires, au détriments du growl qui devient du coup bien plus discret, même si quelques hurlements accompagnent toujours certains ponts ou autres… Malheureusement, on ne peut pas dire que Mark Kelson excelle dans le domaine, que ce soit au niveau des leads ou des chœurs. Sa voix peu dynamique aplatit l’ensemble, sous couvert de multiples pistes, d’enchevêtrements divers et d’une reverb peu discrète, vestiges d’une époque où le style pratiqué se voulait plus sombre, ces effets étant alors autrement justifiés. Quitte à prendre un virage, autant ne pas s’arrêter au beau milieu.
Cela donne au final des titres assez mous et malheureusement trop nombreux : l’enchainement "Without Reason", "Lost Our Way", "Self Inflicted" est assez dur à digérer. D’autant que le clavier contribue à noyer l’ensemble sous les lignes de piano et les nappes, qui rappellent d’ailleurs plus souvent Nightwish que My Dying Bride, alors que les guitares s’évertuent à donner de la dynamique à l’ensemble à grand coups de rythmiques bien lourdes et puissantes. D’ailleurs, les quelques moments où celles-ci reprennent le pouvoir sont en général de bonne facture, à l’image du passage central de "Self Inflicted". Parfois aussi, l’ensemble retrouve une cohérence salvatrice, comme sur la longue "Blood", qui permet au disque de respirer grâce à une inspiration orientale rafraichissante et certains vocaux enfin intéressants. On notera alors certaines similitudes troublantes entre les timbres de Mark Kelson et de Roy Khan, ainsi qu’entre les musiques de leurs groupes respectifs (notamment Epica ou The Black Halo).
Mais à force de multiplier les pistes de tous les instruments excepté la basse et la batterie, on a parfois du mal à s’accrocher à quoi que ce soit pendant certains passages qui semblent du coup bien longs… D’ailleurs, le moment de repos nommé "A Pale Reflection" qui nous est offert en milieu de disque fait rudement du bien, même s’il retombe très vite dans les mêmes travers que les autres pistes au niveau du refrain, après pourtant une grosse rythmique bien sentie. Ces symptômes qui accompagnent l’intégralité du disque rendent l’écoute intégrale de Kartika rébarbative et assez pénible, l’ennui se pointant assez vite pour ne vous lâcher qu’en de rares instants. Ceux qui auront la patience d’arriver jusque là auront tout de même l’occasion d’entendre la plus variée "Brighter Day", porteuse de certains riffs bien sentis, ou la sympathique "Means for an Ending", plus commerciale, plus directe, mais qui a le mérite de mener ses intentions presque jusqu’au bout. Presque.
Un disque qui n’assume donc pas ses propres positions et qui, à force d’avoir le cul entre deux chaises, ennuie son auditeur à force de ne pas savoir où tout cela veut en venir. Dommage, car le potentiel est bien là et se ressent aux travers des quelques moments qui vont jusqu’au bout de quelque chose. Espérons alors que Kartika ne soit qu’un disque transitoire vers quelque chose de meilleur.