CHRONIQUE PAR ...
Alexis KV
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
12/20
LINE UP
-Steve Hennessey
(chant)
-Dan Moore
(guitare)
-Keith Foley
(basse)
-Ren Squires
(batterie)
TRACKLIST
1)Spy vs Spy
2)Rook
3)Hangman
4)Standing at the Edge of the World
5)Revenge of the Viper Three
6)Phone Booth in the Middle of Nowhere
7)Man Who Never Was
8)Stingray, Pt. III
9)Moments of Silence
10)Imitation of Christ
11)Last Chance (Gremlin X)
DISCOGRAPHIE
La contrée d'origine offre souvent au chroniqueur en manque d'inspiration un élément d'accroche salvateur, un moyen certes classique mais la plupart du temps efficace pour introduire une chronique d'album, à l'aide de quelques clichés faciles sur les habitants ou l'analyse de l'adéquation de la musique du groupe avec les traditions metalliques locales. Quand un groupe vient de Terre-Neuve, cette approche devient subitement beaucoup moins évidente, et malgré une intense cogitation, votre humble serviteur n'a réussi à tracer aucun parallèle entre le physique des musiciens et l'apparence des gros toutous originaires de l'île, ni à rapprocher le rude climat local avec le stoner chaud et graisseux gravé sur cette galette. Je ne pourrai donc pas vous épargner l'inévitable: «vous saviez que le chant de Steve Hennessey ressemble à s'y méprendre à celui d'Ozzy?»
Un peu comme Jaymz de Beatallica imitant Heitfeld quasiment à la perfection, sauf que dans le cas de sHEAVY il ne s'agit pas d'une parodie, mais d'un groupe tout ce qu'il y a de plus sérieux. Rajoutez à cette similitude vocale un nouveau logo reprenant le S stylisé ayant orné les pochettes de certains disques 70's de Black Sabbath ainsi qu'une parenté musicale évidente - stoner oblige - et il vous sera difficile, lors des premières écoutes, de ne pas essayer de tracer à chaque titre un parallèle entre les deux groupes. On ne pourra s'empêcher de noter, par exemple, que la première partie du très bon titre "Standing At The Edge Of The World" rappelle bizarrement l'un des deniers enregistrements studio du légendaire quatuor de Birmingham (le bonus "Psycho Man" de l'album live Reunion), ou que le break de "The Man Who Never Was" provoque des réminiscences de «Sabbath Bloody Sabbath».
Mais si l'on se défait des préjugés induits par la voix et que l'on tend un peu l'oreille, on s'apercevra que Black Sabbath n'est pas - et de loin - la seule et unique influence de sHEAVY, comme l'atteste entre autres la rythmique haché de "Imitation Of Christ", qui semble être importée directement du "No One Knows" des Queens Of The Stone Age. Ou encore la production au son très dense, avec de légers effets sur la voix, et une batterie étouffée caractéristique des groupes de stoner en général. Rajoutez à cela un peu de Kyuss et d'Orange Goblin, et vous obtenez Republic?, album qui n'essaye pas d'inventer ou de révolutionner quoi que ce soit, juste de vous fournir une bonne dose de riffs-à-groove parsemés de quelques intermèdes tour à tour planants ou plombés.
La réponse à la question qui s'impose dès lors: «à quel point est-ce que cela fonctionne?» sera «par moments très bien, et par moments nettement moins bien». Quand l'efficacité d'une composition et de ses riffs arrivent à contrebalancer l'effet de déjà-entendu - par exemple sur "Spy vs Spy" - on se délecte du résultat, par contre quand on passe une chanson entière à se demander «mais où-est qu'ils l'ont piqué ce riff-là?» - comme sur "Stingray Part III" - l'entrain que devrait procurer l'album commence sérieusement à manquer... La faute peut-être à une section rythmique qui souffre à la fois d'une place trop en retrait dans le mix (pour la basse) mais également d'un manque d'imagination et d'intérêt évident (la batterie). En gros, si l'on fait abstraction du chant assez troublant de par sa ressemblance avec celui du "Prince of Darkness" et finalement inhabituel pour le genre - aigu, nasillard et avec peu de grain - sHEAVY peine à faire preuve d'une véritable personnalité et reste un groupe à la performance honnête, mais sans plus.