CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Kevin Freeman
(chant)
-Sonny Carson
(guitare)
-Chris Baker
(guitare)
-Jonathan Thompson
(basse)
-Steve Flynn
(batterie)
TRACKLIST
1)Visceral
2)Isolate Gravity
3)Sleeping Ground
4)Engineering the Rule
5)Wall of Lies
6)Violently Calm
7)Life Suffering
8)Corrosive
9)Mindlock
10)Splinters of Change
DISCOGRAPHIE
Steve Flynn, ancien batteur d’Atheist, avait disparu dans les oubliettes du temps. Gnostic, c’est donc l’histoire d’un retour, et un de ceux qui va plaire sans aucun doute aux fans d’Atheist qui attendent leur prochain album, annoncé pour cette année. Parce que dans Gnostic, nous retrouvons, outre Flynn, Sonny Carson et Chris Baker aux guitares et Kelly Shaeffer à la production, excusez du peu. Donc oui, vous pouvez être en droit d’attendre d’Engineering The Rule un album de death technique directement issu des années 90, et bien sûr, vous auriez totalement raison.
Mais trois bons ingrédients ne font pas forcément une bonne soupe, alors avant de sauter de joie, écoutons. Dès le premier morceau achevé, on peut se rassurer : le potentiel est là, la technique plutôt deux fois qu’une, et la production a considérablement changé la donne depuis le Elements de 1993. Gnostic ne ménage pas son auditeur, ne le flatte pas, mais balance les riffs par paquets de quarante, le tout entrecoupé de breaks incessants, de duels de guitares rythmiques et saupoudré de rares passages calmes, comme autant de petites bouffées d’air frais. On regrettera que la basse soit un peu trop en retrait, alors que dans ce type de death, elle se doit d’avoir une présence primordiale, comme Steve Di Gorgio, Tony Choy ou, plus récemment Jeroen Thesseling avec Obscura nous l’ont brillamment démontré. Quand à la batterie, on retrouve le travail impressionnant de Flynn qui se montre impérial dans son approche parfois quasiment arythmique tant il ne peut s’empêcher d’en mettre littéralement partout, comme sur l'introduction de "Engineering the Rule" où la sensation que la batterie joue seule dans son coin n'est pas loin.
Constamment en break (supprimez les autres instruments, vous aurez presque un solo démonstratif), il faut avoir une âme de batteur pour apprécier ce jusqu’au-boutisme. Les quelques rares moments de calmes ("Wall of Lies" et son chant clair, "Life Suffering" et son petit break jazzy ou encore "Mindlock" et son passage acoustique) ne sont même pas prétexte à se poser un peu. Reste un point essentiel qui n’a pas été abordé : le chant. Kevin Freeman, petit nouveau sur le devant de la scène internationale, a ici la dure tache de donner une identité à Gnostic. Mission à demi-réussie, pourrait-on dire, tant son timbre oscille entre celui de Schuldiner et Schaffer – en plus criard que ce dernier. Point donc de trahison pour les fans, prise de risque relativement minimale en réunissant des éléments que l’on savait à l’avance pouvoir donner un résultat efficace et harmonieux, mais la réussite est bien là : Engineering The Rule est un album à la technique et à l’efficacité tout à fait dignes de ses ainés.
Signés par Seasons Of Mist qui devaient, eux aussi, être certains du potentiel de Gnostic, il y a fort à parier qu’en attendant le prochain Atheist, les fans sauront patienter avec Engineering The Rule. La claque n’est pas aussi douloureuse qu’avec Obscura, qui avait le mérite de sortir un peu plus des sentiers battus et d’être un peu plus accessible, mais les auditeurs persévérants sauront sans doute apprécier cet album à sa juste mesure.