CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Sean Baker
(guitare)
-Cmak Ashtiani
(guitare)
-David Donigian
(basse)
-Lawrence Wilson
(batterie)
TRACKLIST
1)Dukes of New York
2)Pummel U
3)Ballvice
4)Neo-Classical Gas
5)7/24/04
6)Steve's Blackout
7)Playing Opposum
8)Poindexter
9)Highway Star
10)Mike Varney's Mexican Vacation
11)Whichway to Radioland ?
12)Verbal Skillz
13)2 Part Invention in C Major
DISCOGRAPHIE
Si vous n’avez jamais entendu parler de Sean Baker, c’est normal. Si vous connaissez ce nom, c’est que votre culture shredesque est tout de même importante, tant le gars n’est pas connu en dehors du cercle des amoureux des descentes de gammes outre-Atlantique. Avec ce Baker’s Dozen, Sean va tenter de se faire un nom un peu plus mondialement. Disons-le tout de suite : ça ne va pas être évident tant la musique présente ici ne possède rien qui n’ait pas déjà été dit par les prédécesseurs de Sean. C’est heavy, ça shredde sévèrement, ça envoie (parfois) du bois, mais finalement rien de bien folichon.
Alors certes, le gars est doué, virtuose et carré : cet album n’est finalement là que pour en faire la preuve. Tapping, sweeping, legato et descentes de gammes abondent. Là où des titres de chansons un peu décalés et rigolo auraient pu laisser croire à une approche fusion plus fun, nous trouvons finalement des titres très heavy, vaguement néo-classiques par endroits, avec une production qui suit ce schéma, c'est-à-dire des guitares lourdes, sales et agressives. Du gros riff avec du shred : déjà fait et refait par ses potes, Joe Stump et Rusty Cooley qui, comme par hasard, viennent faire chacun une apparition sur Baker’s Dozen (respectivement sur "Neo-Classical Gas" et "Verbal Skillz"). Malgré tout, les compositions sont plutôt efficaces, à défaut de posséder du riff qui tue. "Dudes of New York" est un parfait opener, incisif et tranchant tant dans les rythmiques que dans les solos. "Ballvice", "Neo-Classical Gas", "Steve’s Blackout" ou encore le très bon "Pointdexter" (qui n’a pas été écrite par Sean mais par Cmak Ashtiani, son second guitariste) : les titres les plus sombres sont aussi les plus efficaces.
Pour le reste, c’est très mitigé. Un "Pummel U" à l’approche trop tristement guitar-hero, les faussement rock’n’Roll "Whichway to Radioland" et "Playing Oppossum" (avec en guest le guitariste Bruce Bouillet, qui a joué avec Racer-X et Paul Gilbert) ou le longuet "Verbal Skillz" sont autant de moments déjà bien moins réjouissants. Sans parler des interludes pénibles à la guitare acoustique, "7/24/04" et une reprise de Bach en fin d’album qui n’apporte rien du tout. Je passerai sur la reprise de Deep Purple, "Highway Star", sans doute un des titres les plus repris par les guitaristes en herbe grâce à son solo mémorable (dans la version d’origine, les auteurs de reprises se contentant trop souvent de le reprendre note à note, ou presque). Bref, l’ensemble est trop contrasté pour en faire un album efficace. La prod, elle aussi, est un poil à côté de la plaque : des guitares trop brouillonnes dans le son qui débordent sur tous les autres instruments – y compris la batterie – rend Baker’s Dozen assez peu agréable à écouter de bout en bout.
Baker’s Dozen n’est pas un ratage, loin s’en faut. Mais il reste encore trop de marge pour qu’il puisse s’imposer simplement comme un album marquant de l’année. Nous en retiendrons les quelques titres efficaces et quand au reste, il sera probablement oublié plus vite encore que Sean descend ses gammes. À réserver aux boulimiques de shred non rassasiés.