CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13.5/20
LINE UP
-G. Host
(chant)
-Nicolas
(guitare)
-Julien
(guitare)
-Fabien
(basse)
-Stéphane
(batterie+programmation)
TRACKLIST
1)Irony
2)Starblossom
3)Denials Attract Death
4)Thou Shalt Suffer
5)Losing Ground
6)Dust Collector
7)Versus
8)Lastwave
9)Nowadays Lament
10)Sacred Traces
11)When We Finally Fall
12)Forever Silent (Dalibor’s Violin)
DISCOGRAPHIE
Votre serviteur et le métal gothique entretiennent une relation d’amour-haine depuis un certain temps. Amour, car depuis la découverte de Paradise Lost, Moonspell et The Old Dead Tree il n’a jamais trouvé un genre plus apte à exprimer la mélancolie. Haine, car depuis qu’il chronique il a dû se tarter un nombre impressionnant de groupes-clones chiants comme la pluie, totalement dépourvus d’identité et le faisant sérieusement s’interroger sur la pérennité du genre. Puis Dustbowl arriva...
…et la première impression fut que rien n’allait changer. Les influences du quintette sont évidentes, et on peut jouer à lister les époques de Paradise Lost représentées par telle ou telle chanson. L’approche pop/electro glaciale de Host fait votre bonheur ? Allez chercher du côté de "Starblossom" et de ses claviers cold-wave. Vous voulez quelque chose de plus musclé mais pas trop, à l’image One Second ? "Sacred Traces" s’offre à vous. Vous préférez l’époque Draconian Times et ses guitares clairement métal ? Allez voir du côté de "Thou Shalt Suffer", il y a même du growl dedans. Le growl en question est assuré par l’invité de marque Manuel Munoz (The Old Dead Tree), car G. Host ne chante qu’en clair et ne met jamais de grain dans sa voix... ce qui ne l’empêche pas d’être un chanteur gothique techniquement irréprochable dans sa variation entre graves maniérés et aigus plus énergiques. Le commentaire vaut pour ses petits camarades d’ailleurs : les musiciens de Dustbowl sont tous parfaits dans leur genre, et la production du trio Delavallée / Thermidor / Jacob Hansen est très soignée. On a donc l’impression d’avoir affaire à un groupe d’excellents faiseurs sans âmes capables de produire une musique léchée mais sans attrait... mais au fil des écoutes, on se rend compte qu’on a tort.
Pas d’enthousiasme immodéré : certains titres s’inscrivent effectivement dans ce champ de la copie réussie, tels "Dust Collector" ou "Nowadays Lament". Mais même les chansons citées dans le paragraphe précédent dévoilent des surprises, comme "Starblossom" qui fait contraster plans electro-ambient et double-pédale très métal ou le pont presque folk de "Thou Shalt Suffer". Ce genre d’idée fait lever le sourcil et permet de réaliser que Dustbowl est capable d’étonner, voire de séduire totalement avec "Losing Ground". Ce titre lent auréolé d’arpèges lumineux en son clair voit Host se faire seconder par une chanteuse fort douée, pour un résultat d’une beauté lancinante peu commune qui devrait proprement réjouir les fans du genre. Les expérimentations vocales sur le méchant et direct "Versus" laissent perplexe au début mais le côté hyper accrocheur du refrain rattrape la sauce, et surtout les breaks electro mettent encore une fois en valeur le talent du groupe au niveau des arrangements. Ce talent se retrouve dans le très poutrant "Forever Silent", qui alterne plans aériens hyper soignés et grosses décharges de guitare métal pour un résultat assez jouissif. Même constat pour "Lastwave" dont les éléments electro sont très réussis et glauques à souhait. Face à ces moments d’inspiration, les passages calqués sur les grands du genre font d’autant plus tache.
C’est mi-figue mi-raisin, mais c’est prometteur. Contrairement à l’écrasante majorité de leurs camarades les Dustbowl font preuve d’une volonté manifeste de se désengluer de l’influence de leurs aînés, et même s’ils n’y arrivent pas toujours c’est déjà un bon début. Le professionnalisme de la bande est en tous cas certain, et cet album de métal gothique se révèle agréable à défaut d’être génial.