Après une première démo sortie en 2007 qui avait été très bien reçue, tant chez nous que chez les confrères, les jeunes gars de Mindslaved venus tout droit de Tours en remettent une couche, cette fois bien entourés, tout d'abord par Adrien Grousset, guitariste d'Hacride, tête de gondole de la scène poitevine, que l'on retrouve ici dans le rôle du directeur artistique, mais aussi par Franck Hueso, ingénieur du son français qui grimpe depuis quelques années, dont les derniers travaux sont, entre autres, les derniers albums de Mistaken Element et... d'Hacride.
Et la première chose qui frappe par rapport à Mind Over Matter, c'est justement le son. Avec Franck Hueso à la prise et derrière la console de mixage, on a appris en quelques années à ne pas être déçu. On est cependant loin de Lazarus et de sa production fouillée, aérienne et lumineuse. Ici, tout est plus sombre, à commencer par le son de batterie qui possède un aspect roots assez plaisant, la grosse caisse sonnant de manière naturelle (comprendre : non triggée), tandis que les impacts de la caisse claire mâtinée de bonnes grosses louches de reverb ajoutent de la profondeur à la rythmique des compositions. C'est caverneux à souhait et ça colle parfaitement à la musique du groupe. Le son des guitares est aussi soigné, qu'il s'agisse des rythmiques saturées ou des soli, il reste assez propre et ne sonne jamais brouillon, de même que les arpèges en son clair typiquement post-rock qui viennent aérer la lourdeur des titres ("Ischiopagus").
Une autre chose frappante est la voix d'Adrien, qui semble nettement plus maîtrisée qu'auparavant. Ses hurlements hardcore, rappelant parfois Milka de My Own Private Alaska (et un peu avant Psykup) sonnent d'une manière plus assurée et sa voix se fond parfaitement avec la musique du groupe. À l'image du niveau des musiciens, plus calés qu'auparavant, ou même de la musique, le chanteur de la formation a visiblement grimpé des échelons qui lui permettent d'atteindre le rang de ceux en qui on peut fonder de bons espoirs. Et la musique, d'ailleurs ? Mindslaved semble visiblement avoir laissé de côté l'aspect thrash qu'ils mélangeaient à leur sauce postcore, pour s'orienter vers un postcore somme toute assez technique, sur lequel viennent se greffer des samples et des textures signées Adrien Grousset, dont la présence a visiblement eu son importance dans le choix d'abandonner la composante thrash.
Un metal teinté de hardcore avec des riffs qui moulinent, un chant parfois hardcore, parfois growlé, des titres complexes jamais plus courts que 7 minutes et quelques, des textures et des samples, le tout baignant dans un son et une atmosphère sombre... T(h)ree ne peut s'empêcher de rappeler par certains moments Deviant Current Signal d'Hacride (encore eux), qui reste une référence assumée du jeune groupe. Les plans post-rock s'en détachent néanmoins et lorgnent plus du côté de Red Sparowes ou encore d'Eden Maine sur To You The First Star, à la fois pour les accalmies mélodiques et les moments de folie pure. La recette est bonne, fonctionne à merveille et on ne peut que saluer le travail de composition dont font preuve ces cinq jeunes Tourangeaux. Il n'y a vraiment pas grand chose à déplorer, sinon quelques glissements malheureux sur les guitares durant certaines parties, mais rien de réellement gênant dans tous les cas.
Ils avaient fait une première démo qui pêchait par un son trop garage, un niveau technique pas forcément au top, mais avec des compositions inventives et bien gaulées. Mindslaved récidive cette fois en palliant ces problèmes, doté d'un son pas encore parfait mais traduisant bien les couleurs de la musique délivrée, habillée de textures et de samples du plus bel effet. C'est bien, très bien même. Maintenant, il faudrait penser à faire un album, non ?