CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Filipe Gonçalves
(chant+guitare)
-Ricardo Pinhal
(guitare)
-Antonio Capote
(claviers)
-João Costa
(batterie)
TRACKLIST
1)Last Will Left
2)A Long Way Down
3)Good by Love
4)Hunting
5)Devilish Deliverance (Aeons Cry Pt 2)
6)Duskful of Bliss, Morningful of Misery
7)Veil of Golden Leaves
8)Elsewhere but Here
9)The Son That Never Was
10)Selling My Soul
11)The White Flash
DISCOGRAPHIE
Le metal gothique est un genre souvent mal compris, voire mal défini par de nombreuses personnes. Il suffit de se balader sur des forums musicaux pour se rendre compte que tout et n’importe quoi est rangé dans cette case. Beaucoup de gens ont parfois du mal à s’imaginer que Xandria n’est pas du metal gothique, et que Draconian Times en est l’album archétype. Il faut avouer que les maisons de disques sont fortes à brouiller les pistes à des fins marketing. Divine Lust est décrit comme metal gothique dans le feuillet promotionnel: info ou intox ?
Venu du Portugal, Divine Lust existe depuis 1998, une période plutôt longue au cours de laquelle le groupe produit deux albums seulement. Un éponyme en 2002 et The Bitterest Flavours, objet de cette chronique. Bien que venant d’un pays chaud, la musique de Divine Lust semble venir des pays où le froid règne et la pluie ne cesse de tomber. Les influences les plus flagrantes sont Candlemass et My Dying Bride, mais aussi The Sisters Of Mercy, ce qui est au final évident pour un groupe mixant metal gothique et doom metal. Cependant, quelques traces de l’origine géographique des gaillards sont discernables ici et là ("Good by Love", "Elsewhere but Here"), lors de plans mélodiques avec une nette touche orientale, ainsi que la guitare acoustique sur quelques plans de fado et de musiques traditionnelles portugaises.
Plutôt que de se perdre dans un pseudo metal gothique en ajoutant du chant féminin, comme de nombreux groupes depuis quelques années, Divine Lust suit la définition à la lettre. Sans vouloir être puriste, il faut avouer que cela fait un peu de bien d’entendre un groupe de metal gothique faire du metal gothique et non autre chose. L’influence du rock gothique est claire, partiellement dans le chant qui oscille souvent vers le chant froid et clair de la New Wave, avec quelques growls en dose homéopathique. L'héritage le plus fort du rock à la The Sisters of Mercy et autres se trouvent dans les riffs de guitare ainsi que la rythmique, qui sont typiquement rock, sans parler de l'atmosphère sombre. La distortion, la lourdeur de plomb apportent le cachet metal nécessaire.
Ce qui frappe, c’est la richesse de l’album. Comme un miroir, The Bitterest Flavours est le reflet de toute une palette d'émotions, d'atmosphères toutes plus sombres les unes que les autres. Les compositions sont emplies d’arrangements détaillés. Certains sont très classiques pour le genre (des lignes de violon ou de piano, chœurs grégoriens – la poignante "The Son That Never Was" regorge de ce genre de détails), tandis que certains sont plus originaux, tel que cette mélodie de cabaret sur "A Long Way Down". Quelques petites touches symphoniques ("Devilish Deliverance (Aeons Cry Pt 2)"), voire tribales ("Good by Love), des structures progressives ("Duskful of Bliss, Morningful of Misery" est assez exemplaire de ce point), ce sont autant de points qui se révèleront au fur et à mesure des écoutes, The Bitterest Flavours n'étant pas un disque évident, ce qui fait partie de son charme.
The Bitterest Flavours est un disque de metal gothique bien fichu, un poil plus lourd que la moyenne, vu les influences doom du groupe. Classique dans sa conception, quelques pointes d'originalité avec l’apport d’une teinte orientale, des arrangements bien conçus, l’album est agréable et vaut largement l'écoute pour les aficionados du style, ou tout ceux qui recherchent un disque de metal goth qui leur rappelle la bonne époque.