CHRONIQUE PAR ...
Pietro
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Mikko Virtanen
(chant)
-Mika Kivi
(guitare+chœurs)
-Jussi Kraft
(guitare)
-Kari Martikainen
(basse)
-Juha Terrilä
(claviers)
-Jarkko Piipari
(batterie)
TRACKLIST
1)One Desire
2)A Change Through Destruction
3)Dialog With Pain
4)The Deaf Cult
5)Another Link in the Chain
6)Forsaken Shell
7)Quicksand
8)Half-Life
9)Trapped Inside
10)Moment of Silence
DISCOGRAPHIE
Dans le poème anglo-saxon Beowulf, Grendel est un monstre des marécages qui chaque nuit vient dévorer un des guerriers du Roi du Danemark. Un jour un homme nommé Beowulf déclare qu’il tuera le monstre ou perdra la vie. Beowulf attend la nuit et quand Grendel apparaît il se jette sur lui. Après un long combat il réussit à lui arracher un bras, Grendel fuit en hurlant et meurt de sa blessure.
Et oui c’est pratique Wikipédia. Mais Grendel est aussi le nom d’un groupe de metal finlandais associé à la scène melodeath du Pays des Mille Lacs, de plus en plus vivace. On pense d’ailleurs à un groupe comme Mors Principium Est à l’écoute du début de ce A Change Through Destruction, mais à un MPE moins technique, moins rapide, plus posé et mid tempo. Tous les éléments du style sont déjà au rendez-vous sur le premier titre : rythmique puissante, orchestrations synthétiques, refrain accrocheur et grosse voix death, classique mais efficace. Le title track rajoute à l’équation un nouvel élément : un chant clair sur le refrain, gimmick éculé et redouté mais qui passe plutôt bien ici, reconnaissons le. Sur l’excellent "Dialog With Pain", mid tempo à la In Flames, ce sont les claviers qui sont à l’honneur tant au niveau de l’ambiance qu’ils installent que lors d’un lead efficace qui introduit parfaitement un bon solo de guitare. Mais alors que l’on pense avoir affaire à un album classique mais réussi de melodeath finnois, un morceau vient tout chambouler.
"The Deaf Cult" est un titre très lent et calme, presque une ballade, dont les couplets sont chantés en voix claire, reléguant le growl à un rôle secondaire. A partir de là on a l’impression que chaque morceau va un encore peu plus loin dans cette direction, s’éloignant petit à petit du death mélodique du début de l’album pour s’orienter vers une sorte de metal générique lent, lourd, basé plus sur des arpèges de guitare que sur des riffs, vaguement doom par moment. Le chant clair est devenu l’élément vocal principal, on ne trouve des traces de growl que sporadiquement, sur des pré-refrains notamment. Seul le titre "Another Link in the Chain" se démarque de la mélasse de la deuxième moitié de l’album par son tempo plus élevé et un chant plus énervé et martial à la Rammstein. Malheureusement un refrain trop joyeux et naïf répété un nombre incalculable de fois gâche le morceau. Le single "Half-Life" reprend ces gimmicks peu excitants : arpèges, couplets en chant clair, growl discret, refrain niais. On préférera ce "Trapped Inside" plus couillu sur lequel growl et chant clair se répondent. L’instrumental atmosphérique "Moment of Silence" met un terme à l’album sur une note calme et reposante.
Contrairement au monstre imaginaire qui lui a donné son nom et qui ne se posait pas de question, dévorant ses adversaires sans remords, Grendel se cherche. Assis le cul entre deux chaises entre un mélodeath classique qu’il maîtrise plutôt bien et un metal mid tempo lourdaud chanté presque exclusivement en voix claire, et sans jamais mélanger les deux approches, le groupe se rapproche d’une sorte d’ersatz de ses compatriotes d’Amorphis, mais sans l’aspect folk, en beaucoup plus froid et moins organique. En moins talentueux également.