CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
15/20
LINE UP
-James “Jimbo” Isaac
(chant+guitare)
-Chris West
(basse)
-Alex Harries
(batterie)
TRACKLIST
1)The Sound-Out Competition
2)Zealots & Whores
3)He Got Cop Eyes
4)Drunken Marksman
5)The Idol/The Memory
6)The Ruin Of Nova Roma
7)Amaranthine
8)I'm Going To Kill Henry Ford
9)Poison Pen Attack!
10)Cours Et Conquistadors
DISCOGRAPHIE
Taint -
The Ruin Of Nova Roma
Il y a toujours un ou deux promos qui pour une raison inconnue ne nous emballent pas, et qu'on garde de côté en se disant qu'on finira bien par les chroniquer un jour. Et on ne les écoute pas. Et on a bien tort. Car cet album de Taint, formation dont je n'avais jamais entendu parler, dépiaute assez sévèrement et tourne en boucle dans mon lecteur depuis une bonne semaine. The Ruin Of Nova Roma donne dans un hard rock/stoner/metal réjouissant, massif et varié, du genre qui vous décoiffe tout en jouant sur votre corde sensible.
Taint, c'est d'abord un son. Et quel son! La production de cet opus est énorme, une véritable masse grasse et lourde qui se déverse sur l'auditeur de toute sa hauteur. La basse est servie par un des plus gros sons que j'ai entendus pour cet instrument depuis Motörhead, c'est un ronflement métallique écrasant et pachydermique, miam. La guitare est grasse et délicieusement rock 'n' roll, tandis que la batterie claire et puissante vient parachever le tout. Il est assez incroyable à l'écoute de cet album de se rendre compte que ce mur sonore est produit en tout est pour tout par un power-trio, et que la guitare n'est que sur une seule piste… Inutile de doubler les guitares quand on a une basse comme ça! Quant au chant, sa prise est excellente et le bon Jimbo se débrouille plus que bien dans sa partie. Son côté "crié" rappelle parfois le Kurt Cobain des débuts, et l'agressivité de son timbre (qui peut être parfois à la limite du hardcore) comme la sincérité qui se dégage de ses lignes compense largement sa justesse parfois relative… Après tout c'est du heavy rock, pas du speed symphonique.
C'est bien beau d'avoir un son de fou, encore faut-il que les compos suivent. Et là, pas de souci: Taint assure. Le début de l'album se décline en titres heavy/stoner très directs dans lesquels Jimbo se pose immédiatement en guitariste inspiré au jeu très personnel. L'homme a peut-être tendance à explorer un peu trop la gamme blues mineure dans ses leads, son héritage se situe pile à la croisée de Sabbath et Led Zep et son jeu est à la fois heavy et dégoulinant de feeling. L'homme enchaîne les riffs bluesy et terriblement énergiques qui se lient aux lignes de Chris West comme par magie: en effet la basse assure à la fois une rythmique en béton armé et un rôle mélodique certain dans ses contrepoints avec la guitare. Mais Taint dévoile son identité après ces premiers titres "simples": les quatre titres suivants vont flirter avec les six, les sept voire les dix minutes! La démarche change totalement, et on découvre en Taint un groupe soudainement ambitieux.
Ces plages longues renferment chacune leur lot d'ambiances, de violence et de mélodie, et le succès est souvent au rendez-vous. Le feeling bluesy du début de "The Idol"/"The Memory" est délicat et fin, alors que les riffs qui suivent sont éléphantesques… Le chant de Jimbo est aussi assez violent par endroits. "Amaranthine" est une chanson réellement impressionnante: la mélodie cristalline et hypnotique d'entrée rappelle le Placebo de Without You I'm Nothing en encore plus inspiré, alors qu'un Chris West en état de grâce nous offre une ligne de basse comme on en entend trop rarement, en harmonie totale avec la guitare. La guest féminine au chant complète ce tableau à haute teneur émotionnelle, et quand Jimbo vient au final poser ses cris c'est un vrai point d'orgue. Sans aucun doute le chef d'oeuvre de l'album.
En conclusion, Taint est une petite révélation dans sa partie. Ces gens sont des musiciens plus qu'honorables, qui arrivent à s'imposer d'une manière aussi crédible dans l'envoi de bois version rock seventies sévèrement burné que dans la mélodie à feeling. Le principal reproche que l'on pourra faire à cette galette est sa tendance exagérée à la répétition: Taint aime à faire tourner ses riffs en boucle, et le morceau-titre de l'album tape ainsi dans un doom cyclique qui cassera le crâne à beaucoup de monde. De la même manière, "I'm Going To Kill Henry Ford" aurait pu être allégée de plusieurs minutes sans que cela ne soit préjudiciable au tout. Il n'empêche qu'au final The Ruin Of Nova Roma est un album sacrément bien fichu qui renferme un bon nombre de moments d'exceptions: Taint possède l'art de la note qui tue, de la rupture de ton sans perte d'identité et de l'ambiance qui emporte. Un véritable talent, en d'autres termes.