CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Steve "Zetro" Souza
(chant)
-Jed Simon
(guitare)
-Glen Alvelais
(guitare)
-Byron Stroud
(basse)
-Gene Hoglan
(batterie)
TRACKLIST
1)Being and Nothingness
2)Indulge Me
3)Crown of Thorns
4)Unnameable
5)Take a Long Line
6)Going Down
7)Hail! Hail!
8)Watching You Burn
9)Sovereign
DISCOGRAPHIE
Le nom de Tenet ne vous dit sans doute pas grand chose. Par contre, si l'on évoque le nom de Steve "Zetro" Souza, certains d'entre vous devraient lever la tête. De même, les noms de Byron Stroud et de Jed Simon devrait provoquer des murmures dans l'assemblée voire sans doute quelques hochements de tête approbateurs. Et si j'ajoute Gene Hoglan, ça y est, vous commencez à cerner ce qu'est Tenet ? Eh oui, ils viennent de tous les horizons, sont tous des musiciens plus qu'établis, et tous gravitent dans les sphères musicales de (entre autres) Devin Townsend, Forbidden, Zimmers Hole et Fear Factory, pour les plus réputés.
Autant dire que tous ces musiciens se connaissent, s'apprécient et n'ont plus rien à prouver. Et tout ça, ça fait forcément un bon album ? Ben non. Enfin, c'est pas que Sovereign n'est pas bon : des qualités, il en a des tonnes. Mais ceux qui espéraient une symbiose des talents pour une transcendance totale seront un peu déçus. Inévitablement, les influences sont là, que chaque musicien a ramené avec lui dans ses bagages, les principales étant Fear Factory pour le côté carré, pas vraiment indus mais avec un je-ne-sais-quoi de mécanique dans l'approche, et Strapping Young Lad pour le côté hystérique, déjanté et rentre-dedans (il suffit d'écouter le titre "Hail Hail!" pour s'en convaincre). Bon, bien sur, Devin Townsend étant resté à la porte, les musiciens ont fait de leur possible pour mettre leurs tripes dans Tenet et essayer de faire au moins aussi bien que les pointures dont ils sont issus - ou en tous cas de ne pas avoir l'air ridicule à côté. Pour ça, mission accomplie : Tenet n'a rien d'un ersatz des groupes dont il est issu, même si, on l'a dit, les influences présentes étaient sans doute quasiment inévitables.
Tenet évolue dans une nébuleuse thrash/death avec donc un soupçon d'indus. Souza apporte à lui seul l'identité du groupe, avec ses hurlements de possédé à s'en faire exposer les cordes vocales, naturels et absolument sincères. Le bûcheron Hoglan, fidèle à lui même, tabasse avec conviction en arrière-fond, sans réel génie mais avec cette brutalité et cette perfection qu'on lui connaît. Le tout, avec Jed Simon et Alvelais aux guitares, est amené par des riffs alternant entre le lourd et le rapide, avec toujours ce sentiment d'urgence qui transpire dans les neuf titres de Sovereign. Du coup, tout cela ne dure pas bien longtemps, puisqu'en trente-quatre minutes, l'affaire est bouclée, et il n'y a plus qu'à changer de CD ou ré-appuyer sur la touche play - ce qu'un certain nombre d'auditeurs ne manquera sans doute pas de faire. Les titres sont donc courts, sans fioritures mais restent pour la plupart accrocheurs grâce à une bonne complémentarité entre la voix et les riffs, comme sur "Indulge Me", le vaguement hardcore "Unnameable" et le refrain de "Take a Long Line". Ce côté barré, directement hérité d'un Strapping Young Lad, permet à Tenet d'accrocher l'auditeur qui ne serait pas rebuté par la verve de Souza.
Sovereign est un donc un album efficace sans être génial, avec une identité et un son que l'on peut rattacher à un certain nombre de groupes, mais le résultat final est loin de n'être qu'une compilation de différents combos auxquels appartiennent les membres du line-up. En gestation depuis 1996, c'est avec un certain contentement que l'on découvre cette espèce de side-project all-star, et on imagine aisément le plaisir qu'ont dû prendre ses membres à le mettre sur pied. Plaisir qui transpire à chaque seconde d'un album qui ne séduira sans doute pas tout le monde tant la performance de Souza risque de diviser les auditeurs. Assurément, il faut y mettre au moins une oreille.