Voici encore un super groupe, une « super prod » de Norvège, rassemblant des membres illustres de groupes illustres. Certains crieront encore une fois à de l’arrivisme ou encore à de l’opportunisme forcé. Peut-être auront-ils raison, parce qu’on ne sait plus bien où donner de la tête, avec tous ces labels et groupes qui fondent et refondent, s’éteignent et reprennent vie…
On retrouvera ici des membres de 122 Stab Wounds (Jan Egil Fosse, Steffen Simenstad et Frode Sivertsen), Forlorn , Gehenna (Jan Egil Fosse et Frode Sivertsen), Twin Obscenity, Tsjuder (Jan Egil Fosse) et d’autres encore. S’agit-il d’un projet, d’un délire, d’un vrai groupe? A priori, ayant déjà sorti une démo en 2004, Intimate Skinning, la chose se veut certainement plus sérieuse. Et à l’écoute de Ravenous Deathworship, on a en effet l’impression d’une certaine sincérité, mêlée à un contenu tangible, pour un premier album bien ancré dans une scène extrême assez mature. À l’écoute, on aurait presque l’impression que le groupe en est à son deuxième ou troisième album. L’expérience des membres est sans aucun doute à l’origine de cette impression.
Bref, que nous propose The Deviant? Et bien du metal extrême bien sûr, du black metal pour la plus grande partie, une touche thrash ici et là dans les arrangements. Les fans d’Immortal seront monstrueusement contents, avec une approche rythmique et même mélodique clairement identifiables. On se demanderait parfois même si ce ne fût Horgh aux fûts. Les transitions et les ponts sont carrément caractéristiques d’Immortal, période At The Heart Of Winter. Et là où cela devient encore plus ressemblant, c’est au niveau du son des guitares, assez proche du dernier album cité. Cette caractéristique ne saute pas aux oreilles dès les premiers instants mais elle s’affirme de plus en plus au fur et à mesure des écoutes.
Concrètement et au-delà de cette comparaison, The Deviant joue un metal très « classique », dans le style, appliquant à tous niveaux les key success factors du black metal scandinave. Les mélodies de guitares sonnent bien, rentre dedans, parfois directes, dans un style thrash proche des derniers Satyricon, et parfois plus linéaires, dégageant une harmonie plus discernable. Les riffs s’enchaînent, parfois se ressemblent, parfois dégagent de très bonnes idées ("Serpent"), ou parfois encore surprennent par leur style peaufiné ("Intimate Skinning"). De jolis balancements de têtes sont à prévoir sur le très classique mais efficace "Venom Of Mankind", aux teintes catchy appréciables. Ce qui est sûr, c’est que The Deviant sait mélanger à sa sauce les ingrédients d’un metal assez traditionnel, sans claviers ni chant clair, avec une approche musicale directe thrashy, à des éléments plus modernes que l’on rencontre aujourd’hui chez d’autres groupes comme Satyricon (les soli en plus).
Ce qui resterait à améliorer sur cet album serait incontestablement la personnalité des morceaux, souffrant parfois de la recherche trop évidente d’efficacité. Alors que toutes les compositions sont toutes réussies, bien montées, accrocheuses, délicieusement traditionnelles sans pour autant tomber dans le purisme par un dynamisme certain, on s’attendrait à ressortir de l’écoute avec une image plus forte en tête, avec quelque chose de plus discernable. Bref, de plus propre au groupe. Niveau ambiance, on ne sera pas déçu, des titres comme "Purity Of Hate" et surtout "Sadosadistic" vous emmèneront dans des contrées froides et sombres. Dans le Grand Nord, quoi. Parallèlement, "Resurrection Of Hate" sera ici pour finir l’album sur une pointe de violence et de charisme mis en avant de manière plus évidente, avec le chant de Steffen Simenstad, très agressif.
Il est assez difficile donc de donner un avis tranché sur cet album, à la fois charmeur, agressif, et classique jusqu’au-boutiste. Les avis se feront sans aucun doute plus positifs que mitigés parce que la marchandise reste bonne. On retiendra aussi une production à la hauteur tout en respectant les approximations de la scène extrême.