CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Jamie Hope
(chant)
-Jason Leombruni
(guitare)
-Roman Koester
(guitare)
-Jon Green
(basse)
-Tim Shearman
(batterie)
TRACKLIST
UNCONSECRATED
1)The Garden of Impurity
2)Misery Hymn
3)Deception : Prologue
4)Slain by the Serpent
5)The Architects of Repulsion
6)Your Chariot Awaits
7)Rise and Fall
8)The Forefront of Failure
9)Nephilim
10)Vehemence the Phoenix
THE LOST VERSES
11)The Valentines Day Massacre
12)Sink or Swim
13)Flesh Couture
14)Knives and Wolves
15)Pulling Teeth
16)Effigy of Death
17)I Only Smile When You're Bleeding
18)Thy Devourer
19)What Doesn't Kill You
DISCOGRAPHIE
Les groupes de musique comme les gens peuvent connaitre des destins tragiques. C’est le cas de The Red Shore, groupe australien de death/metalcore. Après une démo en 2006 (Salvaging What’s Left), le groupe connait un grave accident de bus en tournée (avec All Shall Perish) dans lequel le fondateur / chanteur du groupe Damien Morris décède (ainsi que le chauffeur / merchandiser). Conformément au souhait du chanteur qui voulait, s’il était amené à quitter le groupe, être remplacé par le bassiste Jamie Hope, le groupe n’abandonne pas et deux ans après propose ces deux enregistrements distincts.
Il y a tout d’abord leur premier véritable album en date, Unconsecrated (les dix premiers titres), enregistré en 2008 mais qui ne nous parvient que maintenant, grâce à une signature avec Listenable. Dans la seconde partie (les neuf derniers titres) sont regroupés sous le nom de The Lost Verses d’anciens morceaux ré-enregistrés avec le nouveau line-up consécutif à l’accident. Malgré une petite différence de production (celle de The Lost Verses est moins percutante), l’ensemble peut former un tout assez cohérent, rendant du même coup l’écoute de l’intégralité de ces dix-neuf morceaux (soixante-sept minutes de musique tout de même) assez laborieuse. D’autant que la première partie, plus classiquement death, est en règle générale plus efficace et intéressante. Était-ce donc nécessaire de blinder le CD de cette manière ? Le groupe y voit surement là une forme d’hommage à leur ancien chanteur décédé (même s'il n'apparait nul part sur le disque), ce que l’on ne peut évidemment pas leur reprocher.
Entre ces deux entités, donc, le style musical est dans la continuité, même si les influences metalcore s’estompent au profit d’un death plus brutal mais aussi plus conventionnel. Là où The Lost Verses développe des influences assez metalcore US (avec ces gros coups de basse mis en renforts à des endroits stratégiques de la musique), Unconsecrated se veut donc plus râpeux, plus vicieux et au final plus efficace. Levant le pied sur les passages mosh, la technique est développée au point que The Red Shore peut être qualifié de groupe de death technique, avec breaks, changements de rythme et guitares qui tricotent dans la veine d’Obscura ou de The Faceless - avec qui ils ont d’ailleurs failli tourner. L’ajout de quelques mélodies de guitares bien senties ("Misery Hymn", "Slain by the Serpent" ou l’instrumentale "Nephilim") est une valeur ajoutée pour un groupe qui ne se contente pas totalement d’un death générique, même si l’originalité est encore une fois trop souvent mise au placard.
Technique, donc, mais avec une inspiration qui va et qui vient, The Red Shore ne sortant avec Unconsecrated que bien peu des sentiers battus par des groupes comme Suffocation, Despised Icon ou les groupes déjà sus-cités. On peut donc mettre au crédit des Australiens une bonne technique et une efficacité indéniable, surtout en ce qui concerne le chant de Jamie Hope, capable d’un growl profond à la Glen Benton / Frank Mullen et de hurlement black pour doubler sa propre voix avec cet effet toujours si efficace. Le destin tragique qui l’a donc amené au post de chanteur a certainement joué en faveur du groupe tant le chant de The Red Shore est porteur d’une partie de la puissance musicale du groupe. De leur côté, les guitares ne sont pas en reste avec des riffs débridés à classer encore une fois aux côtés de formation comme The Faceless, Job For A Cowboy ou Necrophagist, mais sans tomber non plus dans des délires abscons à la Braindrill. Les neuf titres de The Lost Verses ne sont donc, malgré leur efficacité (le synthé de "Thy Devourer" donne une emphase presque black metal bienvenue au titre), qu’à considérer comme un généreux bonus, le plus intéressant étant situé dans les dix titres de Unconsecrated.
Les exemples de groupes au destin tragique se relevant et continuant à marcher sont nombreux (on pense bien sûr à Metallica pour les conditions similaires), et les cicatrices laissées par les drames peuvent parfois être une source d’inspiration pour ceux qui reprennent le flambeau. Trop tôt bien sûr pour le dire quant à The Red Shore, et sans non plus escompter pour eux le même destin que Metallica en termes de succès, on ne peut que se réjouir que le groupe australien ait persévéré.