L’institution Dark Funeral, c’est quelque chose en 2009. Le groupe commença en 1993 comme n’importe quel petit groupe de black, alors pullulant de toutes parts. Puis en 1996 premier album et c’est la claque dans un genre très classique. Depuis, le groupe a forgé son chemin dans un metal noir très pur, ne déviant que rarem... jamais de son idéologie satanique très marquée. En fait, les évolutions furent même minimes tant et si bien qu’il est impossible de confondre Dark Funeral. C’est aussi sa marque de fabrique, s’être bâti un son reconnaissable entre mille, froid, précis, claquant.
Pour cette nouvelle fournée démoniaque, aucune raison de changer la formule. Et elle n’est modifiée en aucune façon. Dark Funeral joue du Dark Funeral en se nappant d’une production rappelant à la fois Attera Totus Sanctus, le précédent, et Vobiscum Satanas. Prenant du plus ancien cette approche parfois très sèche de la violence, faisant appel à force riffs monolithiques très rapides et comportant très peu d’accords, et du premier susnommé un son plus rouge et des variations mélodiques marquées. Sorte de mariage de raison entre le passé et le moderne, ce Angelus Exuro Pro Eternus est finalement d’une grande logique. Celle d’un groupe qui évolue par bribes sans le moins du monde remuer la demeure de fond en comble. Les amateurs apprécieront.
Pour autant, faut-il les classer d’AC/DC du black metal ? Quand même pas car la formule évoluant doucement, mais continuellement, difficile de taxer le groupe de surplace. Le refrain, chose plus ou moins nouvelle en soi, de "Stigmata" rappelle ... Nile par son caractère vindicatif hurlé. Et "Demons of Five" surprend par ses soli, simplistes mais présents, et son rythme très posé ! Par contre, impossible de nous faire avaler qu’il se révolutionne. Ca tombe bien, car ce n’est absolument pas ce que les fans demandent à ce genre de groupe. Certains sont faits pour apporter le souffle frais de la nouveauté ou du défi auditif, Dark Funeral lui campe sur son crédo traditionaliste et pur. Ca fonctionne car Lord Arhiman a ce génie que de savoir se renouveler en reprenant les mêmes ingrédients.
Des riffs simples, certains mélodiques, très souvent ultra rapides et soutenus par une batterie, assurée par un nouveau batteur au jeu confondant de ressemblance avec l'ancien, en blast à fond les ballons sauf quand elle distille des roulements de double grosse caisse. Du grand classique. On retrouve les ... pas soli mais les leads plus mélodiques du précédent album où la guitare se détache du magma sonore rythmique pour devenir plus aguicheuse. Evidemment le chant de Emperor Magus Caligula est de retour pour le plus grand bonheur de nos tympans. Ecorché, violent et abrasif il est le parfait exutoire à cette musique d’autant qu’il est toujours aussi varié. Une véritable identité sonore. Enfin le concept ultra satanique est toujours là avec des anges qui brûlent éternellement (le titre de l’album) en latin pour être plus true.
La conclusion coule de source : fans de Dark Funeral, jetez-vous les yeux fermés, vous ne serez pas déçus. Les autres, fans de black metal, venez donc prendre votre dose, elle mérite vraiment le détour. Pour les moins extrêmes, ce disque aura probablement peu d’intérêt même s’il s’agit peut-être là de leur réalisation à la plus grande portée car la plus variée et la moins ouvertement violente. Du grand Art Noir.