CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
10/20
LINE UP
-Borislav Mitic
(guitare+programmation)
TRACKLIST
1)The Absolute
2)Secret of Life
3)Hidden
4)Within All Existence
5)Promises
6)The Prize of Eternity
7)For the Chosen
8)Fighter of Glory
9)Walking the Path
10)To One Truth
DISCOGRAPHIE
Emir Hot le disait dans l’interview qu’il nous a donnée l’an passé, les pays de l’Est sont des réserves à talent (entre autre) de guitare virtuose. Alors bien sûr, ses représentants ne passent que difficilement les frontières de la scène locale, le pays n’ayant visiblement pas les infrastructures pour promouvoir des artistes. Emir Hot est parti aux Royaumes-unis, Borislav Mitic, d’origine serbe, a élu domicile à Montréal d’où il va être plus à même de se faire connaitre. Après un passage peu surprenant par Shrapnel Records (avec l’incontournable Mike Varney), Borislav présente via Lion Records son 3e album solo.
Le choix de Lion Records n’est pas non plus surprenant, ce label étant en charge de produire des artistes tels que Joe Stump, Jennifer Batten ou encore Vitalij Kuprij (autre virtuose de l’est – Ukraine – avec qui Mitic a déjà joué, sur son album Forward & Beyond). Entre de bonnes mains, Mitic a donc pris le temps de peaufiner ce troisième opus, le précédent datant tout de même de 1998. Durant ces années d’absence (malgré des apparitions ici ou là), Mitic a donc évolué dans l’approche de son art, à savoir le shred instrumental mâtiné de néo-classique. Première constatation : le propos s’est durci, faisant la part belle aux riffs d’obédience thrash, que ne renieraient pas les acteurs de la période Bay Area (le riff de "The Absolute" rappelle d’ailleurs furieusement le "Fight Fire with Fire" de Metallica). La batterie (synthétique) suit le mouvement en n’hésitant pas à proposer de la double pédale en soutien. La production a donc elle aussi logiquement subi un lifting par rapport aux précédentes œuvres de Mitic, plus sèche, agressive et percutante – on sent un budget plus important qu’il y a onze ans.
Ses deux premiers albums, Fantasy et Borislav Mitic, montraient un jeune guitariste à l’identité marquée qui, en plus d’un réel talent virtuose, possédait un toucher fluide, avec une bonne proportion de legato et un sens de la composition qui, bien qu’immature, permettait de proposer de belles pièces et de beaux solos aux envolées lyriques appréciables. Las, The Absolute, s’il brille par une production (presque) aux petits oignons, semble montrer un assagissement du bonhomme et une rentrée dans le rang, tant on ne retrouve que peu ce qui faisait le charme de titres comme "Sky Rider", "Hired Gun", "Fantasy" ou les superbes "Waltz of Time" et "Master of Strings". Hormis "The Absolute" et son approche baroque dans le thème principal, Borislav Mitic se montre plus consensuel en se rapprochant de guitaristes comme Sean Baker (chez Lion Music lui aussi) ou Joe Stump, avec une mise en avant du riff heavy et de la mélodie parfois un peu facile. "Within All Existence" fait lui penser à du Satriani en un peu plus sombre.
Pourtant on trouve de bons passages : le thème de "The Absolute", déjà évoqué, mais aussi l’ambiance orientale de "Hidden" ou encore le coté un peu sournois de "The Price of Eternity" et ses descentes chromatiques en fond. Malheureusement, les tentatives de Borislav de « thrashiser » son propos tombent trop souvent à plat, avec les riffs mous de "Fighter of Glory", "Walking the Path" ou encore un "Secret of Life" aux relents de Megadeth ou de Blind Guardian. Heureusement, l’expressivité de la guitare solo rattrape le tout, comme le chorus de "Walking the Path" ou l’énergie de "The Promises", où Mitic nous remontre cette facette de lui qui plaisait par le passé : une certaine audace et de belles envolées lyriques, même si là encore, le titre est légèrement plombé par un riff indigent et banal. "To One Truth" clôt cet album sur une note assez heavy/thrash, confortant l’auditeur que Mitic se plante systématiquement dès lors qu’il essaie de nous faire croire qu’un riff un peu agressif suffit pour avoir des airs de Grip Inc. ou de Nevermore.
Mélange un peu maladroit de riffs ratés et de bonnes idées, The Absolute est donc dans l’ensemble une déception pour l’amateur des œuvres passées de Borislav Mitic. L’album peine à surnager parmi les productions récentes de Lion Music, et il y a gros à parier que Mitic n’éclatera pas au grand jour avec cet album. Il n’y a plus qu’à espérer que le prochain ne sortira pas dans onze ans et surtout, qu’il saura renouer avec les qualités des meilleurs titres de Fantasy ou de Borislav Mitic.