CHRONIQUE PAR ...
Joe Le Hareng
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
18/20
LINE UP
-Josh Homme
(chant+guitare)
-John Paul Jones
(basse)
-Dave Grohl
(batterie)
TRACKLIST
1)No One Loves Me & Neither Do I
2)Mind Eraser, No Chaser
3)New Fang
4)Dead End Friends
5)Elephants
6)Scumbag Blues
7)Bandoliers
8)Reptiles
9)Interlude With Ludes
10)Warsaw or the First Breath You Take After You Give Up
11)Caligulove
12)Gunman
13)Spinning in Daffodils
DISCOGRAPHIE
Josh Homme. John Paul Jones. Dave Grohl. La lecture de ces trois noms côte à côte, c'est un peu le rêve de tout amateur de rock. Trois générations de rockeurs même. Il n'en fallait pas plus pour « créer le buzz » autour de Them Crooked Vultures. Puis il y aura l'attente, longue, surtout pour ceux qui n'auront pas la chance de voir cet improbable combo en avant-première. Et puis la découverte de l'album. Et les conquis... Et les déçus...
Autant jouer franc jeu tout de suite : une seule écoute suffit à comprendre que Them Crooked Vultures n'est qu'un avatar de Queens Of The Stone Age. Et pourtant non. Il a quelque chose en plus ce Them Crooked Vultures, une classe, un standing que n'ont pas les albums de Homme. La présence d'un des bassistes les plus doués et inspirés de tous les temps n'y est sans doute pas étrangère même si celui-ci est assez discret, trop diront certains... Alors que penser de ce Dave Grohl qui délaisse le lâcher de buchettes sur caisse claire pour un jeu plus fin et épuré? Peut-être tout simplement que ces deux immenses musiciens ont compris qu'il valait mieux mettre leur talent au service de la musique de Josh Homme et laisser de côté la surenchère technique, écueil classique du all-star band. Parlons de musique, voulez vous?
Des chansons avant tout. Et des bonnes. Riffs inspirés, couches de guitares qui gimmickent à tout va, mettant en exergue la science de l'arrangement et de la mélodie de Homme. Et puis cet apprêt rythmique! La batterie groove, toute en finesse, la basse, ronronnante, suit la guitare, puis la délaisse pour suivre son propre chemin, pour mieux revenir appuyer le propos du rouquin. Les morceaux s'enchaînent alors, sans temps mort : "No One Loves Me" sert d'amuse-gueule à grand renfort de robot rock et "Mind Eraser" joue le burner. Tempo qui s'emballe, guitares à tout va, superbe. Et pourtant ce n'est rien par rapport à la déferlante qui va suivre. "New Fang" arrive et balaie tout sur son passage avec son groove imparable et sa ligne de chant incroyable.
Le reste est du même tonneau. "Dead End Friends" brille par son duo basse-batterie qui magnifie les interventions de la six cordes (le placement rythmique de la petite guitare qui se balade dans le morceau est à la limite du génie), "Elephants" par son intro coup de poing et son couplet pachydermique et "Scumbag Blues" montre l'étendue de l'univers de Homme. La seconde moitié de l'album, moins catchy, n'est pourtant pas en reste de perles ("Warsaw" et son jam crescendo, "Reptiles" ou encore la fantastique "Gunman" et puis toute ses interventions de claviers qui frisent le divin) et, par des chansons moins immédiates mais plus profondes, assurera une durée de vie confortable à l'album.
On pourrait débattre longtemps sur les musiciens et oublier la musique. On pourrait aussi se dire que les dits musiciens ont suivi aveuglément et en toute confiance un des songwriters les plus inspirés de ces 15 dernières années. On pourrait aussi cesser de se poser des questions, et se laisser emporter sans résister dans le désert californien, à la poursuite de ce robot déglingué harcelé par les vautours.